Copyright Plantu – France- Cartooning for Peace 2018-01
Beaucoup de belles signatures dans les nouveautés de ce début d’année : Delphine de Vigan, avec Les loyautés, Pierre Lemaître publie Couleurs de l’incendie, deuxième volet de la trilogie Au revoir là-haut (Goncourt 2013), Pierre Assouline, dans une passionnante quête identitaire, part à la recherche de ses racines avec Retour à Séfarad et puis Microfictions, l’énorme recueil d’histoires de Régis Jauffret, et aussi bien d’autres livres à découvrir dont certains parus à la rentrée dernière et que nous avons découverts pour vous.
Les loyautés
Delphine de Vigan
JC Lattés
Date de parution : 3 janvier 2018
EAN : 978-2709661584, 208 pages, 17,00€
« Chacun de nous abrite-t-il quelque chose d’innommable susceptible de se révéler un jour, comme une encre sale, antipathique, se révélerait sous la chaleur de la flamme ? Chacun de nous dissimule-t-il en lui-même ce démon silencieux capable de mener, pendant des années, une existence de dupe ? » Delphine de Vigan, Les Loyautés
Quel plaisir de retrouver l’écriture de Delphine de Vigan. Destins brisés de certains, difficulté d’être pour d’autres, incompréhension, et puis beaucoup de souffrance, une souffrance palpable, que nous fait profondément ressentir Delphine de Vigan. Roman choral dans lequel la parole est donnée successivement aux enfants, aux parents et à un professeur doté de rares qualités, professeur que l’on aurait aimé avoir, particulièrement à cet âge où l’on bascule de la douceur et de la magie de l’enfance à la dureté et à l’incertitude de l’adolescence. Certes quelques invraisemblances ou à tout le moins quelques situations peu convaincantes, mais qui finalement ne nuisent pas trop au récit dont le souffle saura sans doute vous emporter.
Couleurs de l’incendie
Pierre Lemaitre
Éditions Albin Michel
Date de parution : 3 janvier 2018
EAN :9782226392121, 544 pages, 22.90€
« Février 1927. Le Tout-Paris assiste aux obsèques de Marcel Péricourt. Sa fille, Madeleine, doit prendre la tête de l’empire financier dont elle est l’héritière, mais le destin en décide autrement. Son fils, Paul, d’un geste inattendu et tragique, va placer Madeleine sur le chemin de la ruine et du déclassement.
Face à l’adversité des hommes, à la cupidité de son époque, à la corruption de son milieu et à l’ambition de son entourage, Madeleine devra déployer des trésors d’intelligence, d’énergie mais aussi de machiavélisme pour survivre et reconstruire sa vie. Tâche d’autant plus difficile dans une France qui observe, impuissante, les premières couleurs de l’incendie qui va ravager l’Europe. » (Site Albin Michel)
Couleurs de l’incendie est le deuxième volet de la trilogie, Au revoir là-haut, prix Goncourt 2013.
Retour à Séfarad
Pierre Assouline
Gallimard, Collection Blanche
Date de parution : 11 janvier 2018
EAN : 9782070197002, 448pages, 22,00€
« Comme vous nous avez manqué ! » Il ne s’agissait pas d’excuses à proprement parlé, non. Cependant, lorsque Felipe VI, roi d’Espagne, s’adressant aux juifs séfarades du monde entier, dont les ancêtres avaient été expulsés par Isabelle la catholique et le roi Ferdinand d’Aragon en 1492, leur offre en 2015 la faculté de devenir citoyen espagnol, cela va droit au coeur de Pierre Assouline. Dès lors, il ne lui en faut pas plus pour qu’il se lance dans une grande quête identitaire et parte à la recherche de ses origines. C’est l’occasion pour lui, avec le sérieux, la passion et la maestria qui caractérisent tous ses travaux, de nous faire découvrir l’histoire de ces juifs chassés d’Espagne il y a cinq siècles. Sans se départir de son humour pince-sans-rire, Pierre Assouline, tout en nous donnant une leçon d’histoire tourbillonnante d’une extraordinaire érudition, au détour d’une phrase, se livre aussi souvent et beaucoup, permettant de dépasser ainsi l’exercice de style et faisant de ce Retour à Séfarade un livre éminemment personnel et sensible qui nous touche et nous conduit à nous interroger sur nos origines.
Microfictions
Régis Jauffret
Gallimard, Collection Blanche
Date de parution : 11 janvier 2018
EAN :9782070197682 ,1024 pages, 25,00€
«Je est tout le monde et n’importe qui.» Régis Jauffret.
Vous vous souvenez sans doute de Cannibales, dernier livre de Régis Jauffret que nous vous avions recommandé, un échange épistolaire entre une mère et l’ancienne maîtresse de son fils dont l’objectif commun à toutes deux étaient de tuer et de manger le pauvre garçon. On retrouve la même veine dans ce recueil, souvent le même humour noir, joyeusement cruel, la lecture de ces histoires réjouiront donc sans aucun doute celles et ceux qui ont « dégusté » Cannibales.
« Livre monstre, Microfictions rassemble cinq cents histoires tragi-comiques comme autant de fragments de vie compilés. De A à Z, d’«Albert Londres» à «Zoo», ce roman juxtapose le banal de vies ordinaires tout à la fois fascinantes, cruelles, monstrueuses, à travers le quotidien d’un journaliste cynique, d’un cadre déphasé, d’un vieillard pédophile, d’un flic, d’un voyou, d’un SDF, ou d’un enfant mal aimé, incarnations successives d’une humanité minée par la folie, le désespoir, et qui pourtant se bat et espérera toujours. Le lecteur traverse ce livre comme une foule, il reconnaît certains visages, et croit parfois apercevoir sa propre silhouette au détour d’une page. « (Note de l’éditeur)
L’oubli
Philippe Forest
Gallimard, Collection Blanche
Date de parution : 4 janvier 2018
EAN : 9782072760891 ,240 pages, 19,00 €
«Un matin, un mot m’a manqué. C’est ainsi que tout a commencé. Un mot. Mais lequel, je ne sais pas.» Philippe Forest
« Un homme se réveille, convaincu d’avoir égaré un mot dans son sommeil, incapable de se le rappeler. Une idée s’insinue dans son esprit et prend bientôt l’allure d’une obsession : son langage se défait, sa vie se vide à mesure que les souvenirs se détachent de lui. Un homme – peut-être le même, peut-être un autre – observe l’océan depuis sa fenêtre. Une brume perpétuelle recouvre l’horizon, au loin il s’imagine distinguer une forme qui lui fait signe et qui l’appelle. L’histoire se dédouble – à moins qu’il ne s’agisse de deux histoires différentes dont demeure mystérieux le lien qui les unit. Tandis que les mots et la mémoire s’abîment dans un même précipice, l’univers recouvre amoureusement l’apparence splendide indispensable pour chacun au recommencement de l’existence. Dans la veine de ses deux précédents romans, Le chat de Schrödingeret Crue, mais en restant fidèle à l’expérience qu’il a posée au principe de tous ses livres depuis L’enfant éternel et Sarinagara, Philippe Forest propose au lecteur une fable insolite, qui enseigne, comme l’a écrit un poète, que la nuit recèle en son sein le plaisir et l’oubli, qui sont les deux seuls secrets du bonheur. « (Note de l’éditeur)
Churchill, le dictionnaire
Antoine Capet
Éditions Perrin
Date de parution : janvier 2018
EAN :9782262065355, 862 pages, 29,00€
Indispensable !
Pour les passionnés d’histoire de la Deuxième guerre mondiale, il faut absolument lire le dictionnaire d’Antoine Capet, professeur émérite de civilisation britannique à l’université de Rouen et grand spécialiste de Churchill.
« Aucun volume rassemblant le maximum de données sur cette figure de proue aux multiples facettes n’avait jusqu’alors été publié. C’est précisément l’ambition de ce dictionnaire. Au moyen de courts chapitres et notices, Antoine Capet offre une synthèse complète de tous les faits qui ont marqué la vie, publique et privée, de Churchill. Puisant aux meilleures sources, chaque notice permet aux lecteurs de s’informer rapidement sur tel ou tel événement de son exceptionnelle carrière militaire, politique et littéraire, sur ses liens d’amitié ou d’hostilité vis-à-vis de ses compatriotes et des autres décideurs qu’il a connus de près, sur sa difficile vie familiale en dehors de son bonheur conjugal, ou encore sur ses goûts et loisirs d’homme privé. « (Note de l’éditeur)
Deux livres sur Spinoza parus l’année dernière méritent votre attention :
Le clan Spinoza, Amsterdam 1677, l’invention de la liberté
Maxime Rovere
Flammarion
Date de parution : 27 septembre 2017
EAN : 9782081330726, 560 pages, 23,90€
C’est d’un roman historique dont il s’agit ici. Maxime Rovere nous fait vivre avec brio et érudition, sans pour autant nous lasser par trop d’informations, au temps de Benito de Spinoza. Maxime Rovere, certains seront déçus, détruit pas mal d’idées reçues sur Spinoza en s’appuyant sur de récents et très érudits travaux. Spinoza n’est donc pas tout à fait ce philosophe froid et seul banni avec véhémence et violence par la communauté juive de son temps. Il n’a pas non plus été cet humble artisan vivant de son activité de polissage de lentilles de verres optiques. Maxime Rovere décrit un Spinoza en creux en faisant le portrait de ceux qui l’ont entouré, amis et disciples mais aussi personnages historiques importants de son temps. Vous y verrez donc Saül Levi Morteira, grand rabbin de la communauté juive d’Amsterdam ; l’encyclopédiste Adriaen Koerbagh, ou encore des politiques comme Franciscus Van den Enden, qui formula de violentes critiques contre Louis XIV ou des scientifiques comme Sténon, anatomiste célèbre. Un portrait assez éloigné donc du Spinoza connu jusqu’alors et notamment de celui qu’Irvin Yalom a dressé du philosophe dans son prenant Problème Spinoza, (Maxime Rovere a sans doute bénéficié de documents dont ne disposait pas Irvin Yalom). Le mystère subsiste pourtant sur certaines ténébreuses affaires comme la participation supposée de Spinoza à un attentat contre Louis XIV. À lire comme un roman.
Pour Frédéric Lenoir, philosophe, la joie est au coeur de l’oeuvre de Spinoza et c’est précisément Spinoza et ce sentiment d’exaltation qui lui tout d’abord fait écrire le très remarqué La puissance de la joie. Selon Frédéric Lenoir Spinoza est un de ces auteurs qui peut changer votre vie. « Comment cet homme a-t-il pu en moins de deux décennies édifier une construction intellectuelle aussi profonde que révolutionnaire ? » . C’est ce miracle, ce mystère, que Frédéric Lenoir essaie de comprendre. Prenant la raison pour seul critère d’observation et d’analyse, Spinoza, pour Frédéric Lenoir la pensée de Spinoza est intemporelle. L’auteur reconnait lui même que la lecture de l’Éthique est ardue voire obscure. Frédéric Lenoir nous rend la pensée de Spinoza accessible et il nous donne la merveilleuse sensation, après avoir fermé son livre, d’en avoir compris les principaux rouages.
Point cardinal
Léonor de Récondo
Éditions Sabine Wespieser
Date de parution : 24 août 2017
EAN : 9782848052267, 232 pages, 20,00€
Si vous avez aimé Pietra Viva ou encore Amours vous retrouverez Léonor de Récondo avec émotion dans ce nouveau roman qui traite avec pudeur et élégance d’un sujet difficile.
« Pas de fard ni de froufrous, pas d’apprêts ni d’artifices, dans la langue de Léonor de Récondo. Le sujet de son roman s’y prêtait, pourtant. Un père de famille devient femme. A l’insu de ses proches, pour commencer, puis aux yeux de tous, pour l’éternité. Quoi de mieux qu’une écriture limpide pour parler de transparence ? Quoi de mieux que des mots simples pour dire la sensation de l’évidence ? (…) Le livre marche sur le fil tenu de cette discrète ténacité, et de cet irrépressible besoin de tolérance. (…) La colère pour certains, la compassion pour d’autres. Et tant d’infimes mouvements d’âme que Léonor de Récondo excelle à saisir dans leur fragilité.(…) La romancière a l’art de traquer le calme intérieur des êtres, même dans les plus grandes tempêtes. Marine Landrot, Télérama n°3527, mis à jour le 25/08/2017. Créé le 14/08/2017.
Avec pour toile de fond un paquebot voguant vers New York a travers tempêtes, mouvements sociaux et l’arrivée imminente d’une guerre mondiale, se croisent dans »Il s’appelait Ptirou » les routes du dessinateur Rob-Vel et d’un ingénieux mousse. Sente et Verron dépeignent au sein d’une intrigue douce-amère la fortuite rencontre dont l’artiste s’inspirera pour créer le plus célèbre des grooms belges…que l’on retrouve encore ce mois-ci dans »Le Maître des hosties noires », conclusion du diptyque initié en 2014 avec »La femme-léopard ». Le trait néo-classique de Schwartz et la plume de Yann propulsent Spirou et ses amis dans une dynamique et haute en couleurs équipée Congolaise.
Toujours dans la série des héros »vus par », nous vous proposons à la librairie:
Terminons cette rubrique avec un autre grand Prix (à Angoulême), plus d’un million d’exemplaires vendus, adaptation au cinéma à venir…la série des »Vieux Fourneaux » vient de s’enrichir d’un 4ème épisode. Contestataires, révolutionnaires… et septuagénaires, les trois héros de Lupano et Cauuet poursuivent leur traversée de notre troublante époque sans se départir de leur facétie et de leur sens aiguisé de la répartie.