Le printemps est là, même s’il fait bien frais à Amsterdam et si nous le célébrons encore « confinés », magnolia, tulipes, jacinthes, narcisses et forsythia et une nouvelle moisson de livres, romans, essais et bande dessinées vous aideront à prendre patience : un court texte inédit et passionnant d’Amos Oz, publié fort à propos en cette période de Pâques et plusieurs romans consacrés aux histoires de famille, Les hyènes, le puissant premier roman d’Annie Ferret, De sable et de neige, de Chantal Thomas, sur l’amour filial entre un père et sa fille, L’enfant travesti, de Jean-Luc Seigle, dernier livre d’un auteur trop tôt disparu, des livres sur l’amour de Yasmina Khadra, dans la violence des banlieues mexicaines, ou sur un amour qui dure (bien plus que trois ans) d’Alexis Jenni, retour de Jean-Michel Guenassia et de ses Incorrigibles Optimistes et puis plusieurs essais sur Romain Gary, la Guerre d’Algérie, Covid et jihadisme et un passionnant essai de Bernard Maris sur l’avenir du capitalisme qui nous rappelle combien cet économiste, assassiné le 7 janvier 2015 dans les locaux de la rédaction de Charlie Hebdo, avait une vision pertinente et claire sur notre société.
Jésus et Judas
Amos Oz
Traduit de l’anglais par Sylvie Cohen
Grasset
Date de parution : 3 Mars 2021
ISBN : 9782246826316, 96 pages, 8.72€
Pour ceux qui n’ont pas lu Judas le célèbre livre d’Amos Oz, ce court texte leur donnera un aperçu précis de la théorie qu’il défendait sur ce personnage tant décrié. Le livre d’Amos Oz met en scène trois personnes qui débattent vivement, confortablement installé dans une maison située aux portes de Jérusalem, de Judas et de l’image qui en été donnée par le Nouveau Testament. L’un des trois protagonistes est Schmuel Asch, un jeune érudit qui étudie les religions. Selon lui, l’histoire du baiser et de la trahison pour trente deniers serait simplette et sans fondement. Judas, intelligent, éduqué et fortuné, n’avait aucune raison de trahir Jésus qui plus est pour la faible somme de trente deniers, trente pièces d’argent qui seraient l’équivalent de 600€ d’aujourd’hui. Ce serait en réalité pleinement en accord avec Jésus que Judas l’aurait « vendu » aux romains. Judas aurait ainsi conseillé à Jésus de se rendre à Jérusalem où, grâce aux interventions de Judas, il aurait été arrêté dans le but d’être crucifié pour ressusciter, impressionnant ainsi pour longtemps tous ceux présents et assurant par un coup d’éclat la promotion d’une nouvelle religion. En choisissant Jérusalem et la période de Pâques pendant laquelle la ville est pleine de croyants (et d’incroyants) Judas aurait souhaité s’assurer la plus grande audience possible pour le dernier miracle de Jésus. Ainsi, Judas ne serait pas un traitre mais bien au contraire le directeur génial de la communication de Jésus, chargé du lancement du christianisme. Après tout nul ne sait ce qui s’est réellement passé et la théorie avancée par Amos Oz (théorie que défendait avant lui son grand oncle, l’éminent professeur Joseph Klausner) est parfaitement plausible. Pourtant, même si elle ne colle peut-être pas avec la réalité, la présence d’un traite vénal responsable par sa trahison de l’événement fondateur de la religion chrétienne s’est encrée dans notre inconscient collectif tant elle parait naturelle et vraie, légende fondatrice de l’histoire de l’humanité pleine de haines et de trahisons . Ce qui est sûr c’est que l’histoire de Judas aura fortement contribué à l’immense succès du prosélytisme chrétien. Cibles faciles, coupables naturels, poursuivis, condamnés sans preuves, inlassablement accusés et pourchassés depuis ces Pâques fatidiques, les juifs sont depuis lors devenus des bouc émissaires idéaux, responsables de tous les maux de la terre. Alors, si Judas a bien été ce qu’Amos Oz nous en dit, l’opération de lancement qu’il a orchestrée a dépassé les objectifs qu’il s’était fixé bien au delà de ses espérances ! PPB
Ps. Le récit est précédé d’une intéressante et belle préface, en forme d’hommage, de Delphine Horvilleur, écrivaine, philosophe et rabbin, membre de l’organisation Judaisme en mouvement qui plaide en faveur d’une évolution et d’une modernisation de la religion juive particulièrement eu égard au statut de la femme.
L’enfant travesti
Jean-Luc Seigle
Flammarion
Date de parution : 3 mars 2021
ISBN : 9782081435018, 416 pages, 22.89€
« Faire sentir l’onde de choc de la grande histoire sur les vies ordinaires, à travers les générations »
Jean-Luc Seigle
Nous sommes en Auvergne, dans les années cinquante, dans le village de Vic-le-Comte. Jean, six ans, y vit avec ses grands-parents et sa mère Louise. Jean ne sait pas précisément qui est son père même s’il entend des bribes d’histoires qui parlent d’un marin toujours absent. Louise est très belle et fascine tous les hommes. Elle travaille à la ville voisine, comme presque tous et toutes chez Michelin. Louise revient au village chaque fin de semaine. Très proche de son fils elle n’accepte pourtant pas qu’il soit un garçon. Elle l’habille en fille et ne parle de lui qu’au féminin. Jean qui adore et vénère sa mère entre dans le jeu pour surtout ne pas lui déplaire. Deux femmes au caractère fort, sa tante Véronique, la « délurée », et sa grand-mère, n’approuvent pas et contrebalancent autant qu’elles le peuvent les délires de Louise. Jean-Luc Seigle décrit magnifiquement, avec une grande sensibilité, cet univers où règnent les femmes. Une éducation d’un autre temps, une vie de village et de campagne pratiquement disparue, l’évolution d’un petit être en devenir, tout entier absorbé par son amour pour sa mère, des sentiments forts que Jean-Luc Seigle parvient à nous faire ressentir et partager. PPB
Ps. Jean-Luc Seigle avait l’intention d’écrire une trilogie, dont L’enfant travesti est le premier tome, qui restera inachevée : Jean-Luc Seigle est décédé en mars 2020.
De sable et de neige
Chantal Thomas
Photos d’Allen Weiss
Mercure de France, collection Traits et portraits
Date de parution : 7 janvier 2021
ISBN : 9782715253698, 208 pages, 20.71€
« L’insaisissable m’a donné la clef du monde » Chantal Thomas
De sable et de neige, ou l’art de vivre l’instant. Une splendide fresque pour célébrer la beauté des choses et la puissance de leur silence, de la Grande Dune d’Arcachon et la lumière du Cap Ferret jusqu’à la ville de Kyoto sous la neige, un 31 décembre. Les vagues venant rythmer le récit, comme si l’océan était le résumé de la vie, avec sa dimension tragique, inséparable du sentiment de joie et d’harmonie qu’il sait donner. Chantal Thomas poursuit ici son voyage dans l’intimité de la mémoire, à travers une langue d’élégance et de grâce, pour exprimer les sensations les plus fugitives et les plus essentielles dont nous sommes tissés. Et pour dire le lien d’amour entre une fille et son père : sa force d’absolu. (Note de l’éditeur)
Les terres promises
JM Guenassia
Albin Michel
Date de parution : 3 Mars 2021
ISBN : 9782226454072, 624 pages, 24.96€
Jean-Michel Guenassia est connu pour l’immense succès de son livre Le Club des incorrigibles optimistes, Prix Goncourt des lycéens 2009, un roman d’une génération, roman sur la guerre d’Algérie et les adolescents des années soixante, une époque où tout, en dépit de la guerre froide et des conflits de générations, paraissait encore possible. Avec Les terres promises, Jean-Michel Guenassia nous parle à nouveau de cette génération et de ses rêves, le rêve d’un monde meilleur, de Paris à Saint Petersbourg et d’Alger à Tel Aviv. Camille, qui vit dans un kibboutz, Franck, ancien de la guerre d’Algérie, idéaliste, communiste intransigeant, Cecile et les autres, tous consacrent leur vie à essayer de changer le monde. Décolonisation, démantèlement du bloc soviétique, révolutions technologiques, tout est là pour y parvenir : une belle épopée, vibrante et touchante. PPB
Pour l’amour d’Elena
Yasmina Khadra
Éditions Mialet-Barrault Eds
Date de parution : 10 mars 2021
ISBN : 9782080246714, 336 pages, 21.80€
Quelle est la valeur d’une vie dans ces banlieues mexicaines contrôlées par la pègre de la drogue ? Pas grand chose. Violence inouïe entre adolescents, guerre de clans, petits chefs, petites frappes, la terreur règne dans une lutte quasi permanente pour conserver un maigre pouvoir sur un territoire dérisoire et misérable. Dans cet univers sordide, pourtant, l’amour de Diego pour Elena, si belle, un amour d’enfant, est pur, sincère. Alors quand, après avoir été violée, Elena quitte le village, Diego n’a de cesse que de la retrouver envers et contre tout, à n’importe quel prix et ce prix est mille fois plus élevé qu’il ne peut l’imaginer. Yasmina Khadra sait raconter les histoires, mais attention, âmes sensibles, ce livre n’est pas pour vous ! PPB
La beauté dure toujours
Alexis Jenni
Gallimard, Collection Blanche
Date de parution : 8 avril 2021
ISBN : 9782072940118, 272 pages, 20.71€
» Dans cette ville de cyniques, où personne ne croit en rien de peur de se faire avoir, je voudrais parler de Felice et Noé qui sont les seules personnes de plus de vingt-cinq ans à croire à ce qu’ils vivent. Je voudrais parler de ça, de l’amour d’un homme et d’une femme. » La beauté dure toujours, Alexi Jenni
Prix Goncourt 2011, dès la publication de son premier roman, L’art français de la guerre, Alexis Jenni s’est rapidement imposé comme un des meilleurs romanciers contemporains. Féroces infirmes, son dernier roman paru en 2019 avait pour thème la guerre d’Algérie vu par les yeux d’un vieillard désabusé, aigri, raciste et réactionnaire. Alexis Jenni y montrait avec maitrise la complexité de l’âme et de l’humain. Avec La beauté dure toujours, Alexis Jenni relève le défi de nous parler d’amour, celui entre deux êtres qui se sont trouvés par hasard, histoire d’un coup de foudre qui dure. Noé dessine à longueur de temps et depuis sa rencontre avec Felice, avocate, intelligente et belle, il ne dessine plus qu’elle. Felice, qui n’a d’yeux que pour Noé, parvient à se séparer de l’emprise d’un mari dur et dominateur, qu’elle n’a finalement jamais aimé. L’histoire est racontée par un narrateur, écrivain désabusé et misanthrope, ami du couple. Pari gagné : ce qui aurait pu facilement être une bleuette, un roman à l’eau de rose, est un fort roman sur l’alchimie amoureuse et les mystères de l’attirance physique et de la chair. Peu d’auteurs ont été capables de traiter ce sujet depuis l’Art d’aimer d’Ovide. Alexis Jenni a brillamment relevé ce défi. PPB
Les Hyènes
Annie ferret
Grasset
Date de parution : 10 mars 2021
ISBN : 9782246822998, 224 pages, 20.71€
Qui sont les Hyènes ? La très très vieille, Clara, née en 1886, ses filles les trois très vieilles, Georgette, Louise-Huguette et Marcelle, Colette la fille de Georgette et Blanche la petite fille, des femmes qui portent toutes un lourd héritage. Femmes d’un village près de Compiègne, femmes sorcières et magiciennes elles sont méchantes et sales. La terrible Georgette, (portrait vivant de l’atroce grand-mère de La potion magique de Georges Bouillon de Roald Dahl) sorte de méchante Triplette de Belleville, qui vit dans la crasse et la haine de son prochain, et toutes les autres femmes de la famille, portent un secret que Blanche, la dernière de la lignée, cherche à découvrir. Domination des hommes, les femmes se vengent, certains deviennent fous et d’autres sont froidement assassinés. Ces femmes qui descendraient d’une villageoise violée par un seigneur au XIIème siècle, se transmettent en héritage la haine et la méchanceté. Elles ont aussi en commun d’avoir agressée par des hommes, violées, comme si ce crime se transmettait aussi en héritage, de génération en génération, l’histoire se répétant jusqu’à ce que Blanche décide d’arrêter la lignée maudite. Des femmes qui mènent une guerre ancestrale contre les mâles, paysans épais et brutaux. Un roman audacieux, rabelaisien, bien écrit et prenant, un récit allégorique, des portraits taillés au couteau, une écriture serrée, un roman fort d’un bout à l’autre : une révélation. PPB
Cette année, le festival d’Angoulême n’aura pas fait grand bruit. Ce rendez-vous habituel de fin janvier, où les amateurs de bande dessinée aiment se presser dans les “bulles” installées sur les grandes places de cette ville du sud-ouest, n’aura pas été la fête des années passées. Annulés les rendez-vous avec les auteurs, annulées les expositions et les tables rondes. Les organisateurs avaient espoir de reporter les rencontres au mois de juin 2021 pour finalement y renoncer en ce début du mois d’avril. Le festival international de la bande dessinée espère revenir dans son entièreté en janvier 2022.
Cependant, les prix distribués lors de ce fabuleux festival restent des enjeux pour les auteurs, les éditeurs et également pour vos libraires. Alors, sans grand rassemblement, lors d’une cérémonie retransmise par France Inter et orchestrée par Thomas VDB, les albums épluchés par un jury de professionnels (composé de libraires, d’auteurs et de spécialistes de la bande dessinée) tout au long de l’année, ont été récompensés. Le Palmarès complet est à retrouver sur le site www.bdangouleme.com
Je vous propose aujourd’hui un tour d’horizon des albums que vous pouvez retrouver dans votre librairie dès à présent :
Le Fauve d’or a été remis à “L’accident de Chasse” de David L. Carlson et Landis Blair aux éditions Sonatine: Charlie emménage chez son père devenu aveugle lors d’un accident de chasse survenu lorsqu’il était très jeune. Mais quand la police tape à leur porte, le père est obligé de raconter une toute autre version. Un roman-graphique dans la plus grande tradition du polar noir inspiré d’un fait divers se déroulant à Chicago à la fin des années 50. On y retrouve une ambiance assez proche de celle très appréciée dans les pages de “Moi ce que j’aime c’est les monstres” la couleur en moins, la tradition en plus. Et quel plaisir de voir la jeune maison d’édition (2006) Sonatine, spécialisée en roman noir, voir primer son tout premier roman-graphique. De quoi persister dans le 9ème art.
Le prix révélation a été remis à “Tanz !” de Maurane Mazars aux éditions Le Lombard : Tanz ! C’est un feu d’artifice de mouvements et de couleurs en presque 250 pages. On y suit le parcours d’Uli, jeune danseur allemand dans les années 50, qui décide suite à une rencontre de partir suivre ses rêves de comédie musicale à New York. L’autrice dépeint la vie d’après guerre, en Europe comme aux Etats-Unis, au travers des joies et des peines du jeune Uli. Une bande dessinée vivante et légère, une lecture bienvenue en ce moment.
Le prix jeunesse a été remis à l’album “Le club des amis” de Sophie Guerrive : Je vous en parlais déjà dans la lettre précédente. Composé de courtes histoires, ce recueil raconte les aventures de jeunesse de Crocus le serpent, Violette l’oiselle et de l’ours Tulipe que les adultes connaissent par les recueils éponymes “Tulipe”. Un graphisme simple pour des petites aventures adorables et philosophiques !
Le prix du public a été remis à “Anaïs Nin, sur la mère des mensonges” de Léonie Bischoff aux éditions Casterman : Véritable succès à sa sortie, ce roman graphique ne pouvait être que récompensé. Quel travail titanesque a été celui de Léonie Bischoff pour résumé la vie de la merveilleuse et extravagante Anaïs Nin dans un seul et unique ouvrage. Le pari était risqué et c’est de l’avis de tous, du public comme des professionnels, un chef d’œuvre. Tant au niveau de la scénarisation et du rythme de cet album mais également dans ce maniement du crayon de couleur si vivant et élégant.
Le fauve des lycéens a été remis à “Peau d’homme” de Hubert et Zanzim aux éditions Glénat : L’album le plus primé de 2020 avec ses huit récompenses ! Il ne pouvait pas ne pas recevoir un fauve. Nous vous en avions déjà parlé dans la lettre du mois de septembre. “Peau d’homme” est un album à côté duquel ne pas passer. Certainement un des meilleurs titres signés par le regretté scénariste Hubert dont nous ne pouvons que vous conseiller de parcourir la si généreuse bibliographie.
Voici les ouvrages que nous avons à vous proposer en ce moment en boutique. Des ouvrages que nous avons pris plaisir à découvrir et à vous faire découvrir. Tous les titres du palmarès sont disponibles à la commande.
Monsieur Romain Gary, consul général de France
Kerwin Spire
Gallimard, Collection Blanche
Date de parution : 8 avril 2021
ISBN : 9782072930065, 336 pages, 21.80€
Lorsqu’en février 1956 Romain Gary arrive à Los Angeles, le compagnon de la Libération n’a pas encore eu le Goncourt pour Les racines du ciel et n’a pas commencé à écrire La promesse de l’aube. Durant les quatre années où il exerce le poste de consul général de France dans la Cité des Anges se nouent tous les fils d’une histoire hollywoodienne qui va bouleverser à la fois l’homme et son œuvre. Monsieur Romain Gary est le récit de la transformation d’un homme qui, par-delà ses multiples vies, cherche toujours à se réinventer. C’est aussi la fresque d’une époque intense sur laquelle souffle un grand vent de liberté. (Note de l’éditeur)
L’avenir du capitalisme
Bernard Maris
Éditions les liens qui libèrent
Date de parution : 28 septembre 2016
ISBN : 9791020904058, 80 pages, 8.50€
Ce petit ouvrage de Bernard Maris, économiste et écrivain sauvagement assassiné alors qu’il se trouvait dans les bureaux de la rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, est paru à titre posthume en 2016 et il vient d’être réédité. Il s’agit du texte intégral et inédit de la conférence que Bernard Maris donnait à l’Institut Diderot en 2010. Ce livre est une petite merveille de clarté et d’intelligence. Indispensable leçon d’économie, Bernard Maris nous donne aussi les clés d’un devenir possible pour notre monde et pour l’humanité. Les hommes seront-ils assez sages pour écouter ce message aussi clair qu’évident, conciliant esprit d’entreprise, progrès et respect de l’autre et de la planète ? Comme disait Sacha Guitry, faisons un rêve ! PPB
France-Algérie, les passions douloureuses
Benjamin Stora
Albin Michel
Date de parution : 3 mars 2021
ISBN : 9782226460769, 208 pages, 20.60€
En juillet 2020, Emmanuel Macron commandait à Benjamin Stora un rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie, ainsi que sur les moyens de favoriser une réconciliation entre la France et l’Algérie. L’historien s’est attelé à la tâche non seulement à partir de l’immense historiographie existante, à laquelle il a lui-même grandement contribué, mais aussi en rencontrant des dizaines d’interlocuteurs de tous bords. Pour tenter de rendre compte de cet archipel de mémoires aujourd’hui communautarisées, il ne fallait en effet écarter aucune catégorie d’acteurs : des combattants indépendantistes aux « pieds-noirs », des soldats français aux « harkis », des juifs aux Européens « libéraux », communistes ou partisans de l’Algérie française… Cette enquête mémorielle est suivie d’un certain nombre de propositions audacieuses, qui touchent aussi bien à la symbolique qu’à l’accès aux archives historiques, afin de reconnaitre afin de mieux connaitre et reconnaitre ces « passions douloureuses ». (Note de l’éditeur)
Benjamin Stora a publié de nombreux ouvrages sur la colonisation, la guerre d’Algérie, l’immigration maghrébine, dont plusieurs ont été rassemblés récemment dans la collection Bouquins (Une mémoire algérienne, 2020). Chez Albin Michel, il a co-dirigé avec Abdelwahab Meddeb en 2013 l’encyclopédie Histoire des relations entre juifs et musulmans, et publié avec Alexis Jenni en 2016 Les mémoires dangereuses.
Le prophète et la pandémie, du Moyen-Orient au jihadisme d’atmosphère
Gilles Kepel et Cartes inédites de Fabrice Balanche
Gallimard, Collection Esprits du Monde
Date de parution : 11 février 2021
ISBN : 9782072923128 , 336 pages, 21.80€
L’AN 2020, marqué par la Covid-19 et l’effondrement du marché pétrolier, est celui de tous les bouleversements depuis le Moyen- Orient jusqu’aux banlieues de l’Europe. Le conflit israélo-palestinien se fragmente avec, d’un côté, un pacte portant le nom du prophète Abraham, qui va des États-Unis à Abou Dhabi au Maroc et au Soudan en passant par Israël, agrège l’Égypte et l’Arabie, et lorgne l’Irak ; de l’autre « l’axe fréro-chiite » qui rassemble Gaza, Qatar, Turquie et Iran, avec le soutien ponctuel de la Russie. Dans ces convulsions sismiques, Beyrouth explose, réfugiés et clandestins affluent en Europe, et le président turc Erdogan tente de refaire d’Istanbul le centre de l’islam mondial. Enfin, le terrorisme frappe de nouveau, en France et en Autriche, au nom d’un jihadisme sans organisation. Il s’appuie sur une atmosphère créée par des entrepreneurs de colère, mobilisant foules et réseaux sociaux du monde musulman pour venger leur prophète face à l’Occident – tandis que Joe Biden doit restaurer la confiance des alliés de l’Amérique. Poursuivant la réflexion engagée dans Sortir du chaos, succès français et international, Gilles Kepel propose, cartes et chronologie à l’appui, la mise en perspective indispensable de l’actualité pour comprendre et anticiper les grandes transformations de demain. (Note de l’éditeur)
Les soirées de l’Échappée BelleLaurent BINETNouvelle date !Vendredi 18 juin 2021Amstelkerk, Amstelveld 10,
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