Dans le monde de l’édition, la découverte de textes inédits est toujours un événement. Alors, quand il s’agit de textes d’un grand auteur et encore plus quand cet auteur, comme Louis-Ferdinand Céline, est controversé, considéré par les uns comme un génie et par les autres comme un sinistre salaud, l’événement est d’importance. Fuyant l’Épuration, Céline quitte la France en 1944 et laisse à son domicile plusieurs milliers de feuillets manuscrits. Il sera, jusqu’à sa mort en 1961, convaincu que ces feuillets ont été détruits à la Libération, brûlés par des Résistants.
«Ils ont volé tout ce qu’ils pouvaient fracasser, tout ce qui était trop lourd. !… ils ont brûlé les manuscrits… aux poubelles aussi, Guignol’s, Krogold, Casse-Pipe ». Féerie pour une autre fois, Louis Ferdinand Céline (Gallimard, 1952)
Dans les années 2000, ces feuillets entreront en possession de Jean-Pierre Thibaudat, un journaliste, correspondant à Moscou, pendant près de trente ans, du quotidien Libération. Thibaudat conservera secrètement ces précieux manuscrits pendant plus de vingt ans, dont certains sont toujours réunis par les fameuses pinces à linge qu’utilisait Céline pour séparer les chapitres. Il se décidera finalement, en 2021, après la disparition de Lucette Destouches en 2019, à les remettre aux héritiers de Céline. Pourquoi Thibaudat a-t-il gardé ce trésor si longtemps secret ? Il a été dit que Lucette Destouches, jalouse comme une tigresse, ne souhaitait pas que le personnage assez sulfureux de l’infirmière dans Guerre, qui aurait effectivement été la maitresse de Céline, soit connu du public. Plus prosaïquement, il est dit aussi que Thibaudat aurait attendu le décès de la veuve, afin d’éviter une exploitation essentiellement commerciale des textes. Gallimard a pu ainsi confier à des experts l’étude minutieuse des textes inédits révélés par Thibaudat. À cet égard, l’édition de Guerre, établie sous la direction de Pascal Fouché,, premier manuscrit retrouvé à faire l’objet, en ce mois de mai, d’une publication, est remarquable.
Guerre, Louis-Ferdinand Céline
Guerre
Louis-Ferdinand Céline
Gallimard, Collection Blanche
Date de parution : 5 mai 2022
ISBN : 9782072983221,92 pages, 20.71€
« Dors ou dors pas, titube, trombone, chancelle, dégueule, écume, pustule, fébrile, écrase, trahis, ne te gêne guerre, c’est une question de vent qui souffle, tu ne seras jamais aussi atroce et déconneur que le monde entier. » Pages 99 et 100.
Parmi les feuillets conservés par Thibaudat se trouve le manuscrit de plusieurs romans dont celui de Guerre, publié ce mois-ci par Gallimard en Collection Blanche. Le manuscrit, raturé, modifié, montrant d’intéressants repentirs, est cependant tout à fait complet et pratiquement prêt à être publié. D’après les experts, Céline aurait écrit ce texte en 1934, deux ans après la parution de Voyage au bout de la nuit. Guerre, même s’il parle aussi de la Grande Guerre, n’est pas un chapitre manquant de Voyage ou d’un autre roman de Céline, mais un livre à part entière. Et quel livre ! Guerre a la force de Voyage mais est plus dur, plus direct, plus cru. Le livre montre la brutalité de la Guerre de 14, une guerre atroce et laide, qui a broyé plusieurs générations. Tous les thèmes de prédilection de Céline y sont présents : la mort, la peur, la sexualité, la bestialité de certains êtres et l’infranchissable fossé qui sépare les classes sociales. La langue est crue, forte, parfois poétique. Tout le génie, l’originalité, de Céline est contenu dans ce livre fortement autobiographique. La scène du dîner chez l’assureur, relation professionnelle des parents de Ferdinand, le narrateur, auquel les personnages principaux du livre sont conviés, est exceptionnelle. La publication de Guerre est sans aucun doute l’un des événements littéraires les plus importants de ces dernières années… jusqu’à la publication prochaine de Casse-pipe et de Londres annoncées par Gallimard pour 2023, autres précieux inédits découverts parmi les feuillets retrouvés.
Pierre-Pascal Bruneau
« Bon, dans un roman, on dirait que la ficelle est un peu grosse : rebondissement inattendu juste au moment où toutes les issues sont bouchées. Mais la vie, la vraie vie, est élastique. Elle rebondit quand elle veut, la vie. D’ailleurs, est-ce bien une complice que j’ai trouvée ? » Page 156 (Usurpation)
Pierre Péju nous offre un recueil de trois nouvelles, réunies sous un titre programmatique : Effractions. Chaque récit présente un héros à un âge différent : un jeune homme à peine sorti de l’adolescence, un adulte et un homme de plus de soixante-dix ans. Tous entretiennent un rapport particulier à l’art et à leur propre identité, voire à leur célébrité. Ainsi, chacun semble faire effraction dans une autre histoire que la sienne. Le jeune Thomas échappe à la police et arrive chez Alice, véritable artiste peintre ; l’écrivain célèbre en voyage usurpe une identité, le vieux Victor débute comme assassin. Evidemment, rien ne se passe comme imaginé ou espéré ! Avoir choisi des personnages et des univers différents permet à l’auteur de varier les procédés narratifs pour le plus grand plaisir du lecteur.
Effractions, la première nouvelle, brille par la nervosité de l’atmosphère et le brio de certaines répliques ainsi que l’analyse des relations entre les protagonistes. Usurpation, écrite à la première personne, nous conduit en Tunisie, où le personnage vit une expérience inquiétante entre révolution et archéologie, entre réalité et fiction. Dans Péremption, pour finir, le choix de la mort conduit à celui de la vie, dans un style où se mêle pensées abruptes, longues et belles phrases et nombreuses références littéraires. A travers ces trois récits, apparemment éloignés, Pierre Péju, nous livrant les pensées intimes de chaque personnage, explore les thèmes de la création, principalement littéraire, et du rapport au temps qui passe, conduisant inéluctablement à la mort. Insolites, ces trois situations incitent le lecteur à interroger son propre rapport à lui-même, à l’art, au temps.
Véronique Fouminet, libraire au Temps Retrouvé
Samouraï, Fabrice Caro
Samouraï
Fabrice Caro
Gallimard, Collection Sygne
Date de parution : 5 mai 2022
ISBN : 9782072988110, 224 pages, 19.62€
« Voilà ce qui nous a toujours rapprochés, Florent et moi : le gêne de la catastrophe auto-immune, une aptitude à se rendre la vie plus pénible encore sans la moindre aide extérieure. Un vrai don de Dieu. » Page 72
Alan Cuartero est un peu le cousin d’Adrien, le personnage du Discours (2018, Gallimard, collection Sygne). Maladroit, hypersensible, empêtré dans son éducation de gentil garçon, mal dans sa peau, toujours éperdument amoureux de celle qui vient de le quitter, Alan est écrivain. Il a écrit un seul livre, une comédie qui n’a pas eu grand succès. Lisa, l’amour de sa vie, l’a quitté parce qu’à ses yeux il manque d’ambition et de caractère. Alors, peut-être pour qu’elle revienne, Alan décide d’écrire le roman « sérieux » tant réclamé par Lisa avant leur rupture. Entre-temps, des voisins lui confient leur piscine avec pour mission de s’assurer que l’eau reste bien claire et propre en leur absence… Fabrice Caro décrit à merveille, avec légèreté et humour, les hésitations, les renoncements, les changements de cap, les enthousiasmes et retombées, qui sont le lot de l’écrivain et de ce qui fait la difficulté d’écrire. Le récit est émaillé de faux entretiens de l’auteur avec des journalistes et de fausses louangeuses critiques qui sont tous de réjouissants pastiches du genre. Un roman doux-amer qui traite de « L’insoutenable légèreté d’être » avec dérision et humour.
Pierre-Pascal Bruneau
Café sans filtre, Jean-Philippe Blondel
Café sans filtre
Jean-Philippe Blondel
L’Iconoclaste
Date de parution : 7 avril 2022
ISBN : 9782378802844, 288 pages, 21.80€
Jean-Philippe Blondel est bien connu pour les romans qu’il écrit pour les adolescents : Blog, La coloc, Au rebond, sont particulièrement appréciés par les professeurs de français des lycées néerlandais. Mais Jean-Philippe Blondel écrit aussi pour les grands, des romans bien faits et originaux, comme 6h41 ou Mariages de saison, des livres qui fleurent bon la province, cette belle région de la Champagne-Ardenne où Jean-Philippe Blondel est né et où il est professeur d’anglais. Pour ce nouveau roman, il choisit le huis-clos d’un café où les habitués se retrouvent après la longue période de confinement imposée par la pandémie. Chloé reste et observe cette petite communauté : un joli roman, sensible et humain.
Pierre-Pascal Bruneau
La Confrérie des giflés
Jean-Luc Gaget
JC Lattès
Date de parution : 6 avril 2022
ISBN : 9782709669405, 312 pages, 22.78€
« Cette histoire de gifle n’est pas anodine, nous sommes d’accord, Hervé, elle renferme le secret de mon existence, l’opacité béate n’est plus la solution à mes problèmes.» Page 132
« L’esprit potache, rares sont ceux qui n’y prennent pas plaisir, une question de taille d’élastique, sûrement, l’élastique de notre cerveau, ou de notre morale, qui se détend un peu, et ça fait un bien fou.» Page 220
L’histoire commence à cause d’une gifle… une grande gifle, reçue en public, dans un café, assénée sans explication par un inconnu. Voilà qui a de quoi perturber ! Le personnage qui la reçoit veut comprendre… et le lecteur aussi ! Le récit à la première personne de cette quête nous entraîne dans un monde à la fois logique et fantaisiste, du moins dans lequel la logique est différente. Le style alerte et joyeux, les références, l’humour rendent le récit très agréable et le lecteur accepte volontiers les traits peu réalistes de cette aventure riche en rebondissements et personnages étonnants. Le personnage principal, Jérémie Soldatini (tout un programme !), à la fois désabusé et plein d’espoir, naïf et réfléchi, lucide et égaré, est très attachant. Dans ce premier roman, Jean-Luc Gaget, scénariste et dialoguiste Césarisé, met au service de la littérature toute sa réjouissante virtuosité.
Véronique Fouminet, libraire au Temps Retrouvé
Le festin, Margaret Kennedy, traduction (Anglais) de Denise Van Moppès
Le festin
Margaret Kennedy
Traduction (Anglais) de Denise Van Moppès
La Table Ronde, Collection Quai Voltaire
Date de parution : 3 mars 2022
ISBN : 9791037110251, 408 pages, 26.16€
Cornouailles, 1947. Comme tous les étés, le révérend Seddon rend visite au père Bott. Hélas, son ami n’a pas de temps à lui accorder cette année, car il doit écrire une oraison funèbre : l’hôtel de Pendizack, manoir donnant sur une paisible crique, vient de disparaître sous l’éboulement de la falaise qui le surplombait. Et avec lui, sept résidents… Dans cette maison reconvertie en hôtel par ses propriétaires désargentés étaient réunis les plus hétéroclites des vacanciers : une aristocrate égoïste, une écrivaine bohème et son chauffeur-secrétaire, un couple endeuillé, une veuve et ses trois fillettes miséreuses, un chanoine acariâtre et sa fille apeurée… Le temps d’une semaine au bord de la mer dans l’Angleterre de l’après-guerre, alors que les clans se forment et que les pires secrets sont révélés, les fissures de la falaise ne cessent de s’élargir… Auteure talentueuse et espiègle, Margaret Kennedy pousse à leur comble les travers de ses personnages dans une fable pleine d’esprit et de sagesse. Ce Festin est un régal (Note de l’éditeur)
Le dernier jour de Rome
Alberto Angela
Traduit de l’italien par Marc Lesage
Harper Collins
Date de parution : 2 mars 2022
ISBN : 9791033911050, 448 pages,
« Les deux vigiles regardent Rome depuis le toit. Devant eux, chaque pièce de l’engrenage du destin est à sa place. Tout est fin prêt pour l’une des pires tragédies de l’Histoire. » Page 360
Alberto Angela est paléontologue et paléoanthropologue émérite mais il est surtout célèbre pour son talent de vulgarisateur. Son fameux ouvrage Une journée dans la Rome antique est depuis peu disponible en poche. Après nous avoir conduit à Pompéi ou à travers tout l’Empire, à la suite d’une pièce de monnaie, ou à la recherche de Cléopâtre, notre guide nous montre cette fois Rome, sous le règne de Néron, à la veille du grand incendie qui dévasta la cité en 64 ap. J.-C. Il s’agit du premier volet d’une trilogie. Cette étape est confiée à Vindex et Saturninus, deux vigiles (pompiers) que nous suivons dans leur quotidien, leur formation, leur tournée d’inspection.
L’objectif de cet ouvrage est de faire vivre Rome, telle qu’elle était, loin des clichés… et l’objectif est atteint ! Dans les pas des vigiles, le lecteur voit, entend, sent la Ville éternelle. Nous croisons, bien sûr, les grands personnages attendus, mais aussi les petites gens. Chaque rencontre est l’occasion d’explications ou d’histoires sur la vie quotidienne des Romains. Le regard professionnel des pompiers nous montre de près l’architecture. Un riche et élégant cahier central d’illustrations en couleur vient parfaire l’ensemble. Le grand talent d’Alberto Angela est d’associer avec un heureux et agréable équilibre les descriptions simples et les précisions savantes. Mêmes les deux pompiers que nous suivons, leurs noms, leurs tenues, leurs salaires sont basés sur des faits scientifiquement avérés. A cet immense savoir, l’auteur ajoute les parallèles avec notre époque, ainsi que les travaux d’autres spécialistes. Le lecteur est aussi tenu haleine, car nous ne vivons que la veille du fameux jour ; bientôt, rien ne sera plus comme avant… Que le lecteur soit érudit ou profane, il est certain de trouver là un voyage captivant et passionnant !
Véronique Fouminet, libraire au Temps Retrouvé
Le petit foulard de Marguerite D., Colette Fellous
Le petit foulard de Marguerite D.
Colette Fellous
Gallimard, Collection Blanche
Date de parution : 3 mars 2022
ISBN : 9782072976209, 108 pages, 15.26€
« C’est très simple, je voudrais retrouver le moment où soudain Marguerite s’est arrêtée de me parler et que tout s’est suspendu. Nous étions assises l’une en face de l’autre, Marguerite Duras et moi, un après-midi d’automne, chez elle, rue Saint-Benoît numéro 5, je portais un gilet en grosse laine rouge et blanc et un petit foulard de soie léopard tacheté noir et blanc. »
Colette Felous dirige au Mercure de France la collection « Traits et portraits ». Elle a été également productrice d’émissions sur France Culture et beaucoup se souviendront des Nuits magnétiques et de son Carnet nomade. Colette Felous a bien connu Marguerite Duras. Ce court récit est un témoignage émouvant et très personnel des nombreux moments qu’elle a passés avec Marguerite Duras. Colette Felous ne révèle rien de bien nouveau. Cependant en nous rapportant fidèlement ces petits riens qui font la vie de tous les jours, elle nous livre un portrait intime et juste de Marguerite Duras.
Pierre-Pascal Bruneau
Nos langues françaises, invités par Leïla Slimani
Édition du Patrimoine, Centre de Monuments Historiques
Date de parution : 31 mars 2022
ISBN : 9782757708125, 111 pages, 10.90€
» Ma grand-mère détestait la langue française. (…) La langue de l’école coloniale où était inscrit mon père. La langue des riches, des colons, la langue des gens éduqués qui la regardaient de haut. (…) Cette langue, d’une manière ou d’une autre, finissait par rimer avec domination. Et puis elle est devenue mienne. » Préface de Leïla Slimani
» Cette langue est devenue mienne « , Leïla Slimani nous dit que c’est ce que déclarent tous ces écrivains francophones à qui elle a demandé ce que signifiait pour eux la devise de la République française : Liberté, égalité, fraternité. Ils viennent ainsi du monde entier et déclarent tous leur amour de la langue française :
Dai Sijie (Balzac et la petite tailleuse chinoise) nous parle de Monsieur Liu Zihua, un francophone de Chengdu; Angélique Kidjo, chanteuse née au Bénin, nous dit comment le pianiste Alexandre Tharaud, magnifique et sensible interprète de Poulenc et de Ravel, a su s’accorder à sa voix pour des récitals de chansons françaises de Piaf à Brel, ou encore Hubert Lenoir et Noémie D. Leclerc, deux québécois qui parlent une langue fraîche et riche, « parfaitement incontrôlable, le français québécois a tout ce qu’il faut pour être à l’avant-garde !!!!!!!!! « , ou bien Faïza Guène, (La discrétion), qui sait si bien parler de la mémoire et du dialogue des générations, pour qui la langue française est « celle qu’on peut faire sienne sans demander de permission, celle que l’on peut nourrir, et réinventer sans lui faire prendre de risques ». Pour eux et bien d’autres, comme l’a dit avant eux Camus, leur patrie c’est la langue française. Laissons-les donc inventer, modifier, bousculer, notre belle langue. Ils en sont, autant que nous, les dépositaires. Ils la défendent, ce sont eux qui font le plus vivre la langue française. Grâce à eux elle se développe et durera sans doute pour l’éternité.
Pierre-Pascal Bruneau
Petit frère
Jean-Louis Tripp
Casterman
Date de parution : 11 mai 2022
ISBN : 9782203228641, 344 pages, 30.52€
Durant presque 10 ans, Jean-Louis Tripp et Loisel nous ont émerveillé avec la série d’albums Magasin Général. Une douce histoire se déroulant au cœur du Québec avec pour personnage principal la gentille épicière d’un petit village. Une paire d’années après, Jean-Louis Tripp créait la surprise avec Extase, deux romans graphiques dans lesquels il revient sur son parcours sexuel personnel de ses jeunes années à nos jours. Avec Petit Frère, l’auteur reste dans l’intime et nous raconte le plus grand drame qu’ait connu sa famille.
L’été 1976, l’auteur a 18 ans. Avec sa petite amie, sa mère, ses deux frères, son oncle et sa tante, ils parcourent la Bretagne en roulotte. Le benjamin, Gilles, a 11 ans. Énergique et rigolard, il chante à tue-tête le dernier titre de Michel Fugain, assis aux côtés de son grand-frère. Le petit finit par vouloir descendre de la roulotte pour aller voir sa mère qui les suit en bicyclette. Mais voilà qu’une voiture roulant à vive allure fait une embardée et fauche le petit garçon sur le marche pied. Quarante-cinq ans plus tard, l’auteur a toujours cette sensation de sentir la main de son petit frère emporté par le chauffard. Il aura travaillé quatre ans, accompagné par ses proches et sa famille, sur ce récit à la fois cathartique et universelle de cet injuste deuil. Un roman graphique émouvant où l’auteur explore les émotions vives du au choc de la perte, comme la douleur qui ne quittera aucun d’entre eux. Avec beaucoup de délicatesse, certainement l’unique point commun des livres de Jean-Louis Tripp, il détresse la culpabilité tue de chacun pour nous offrir un livre inoubliable.
Tiphaine Hubert, libraire au Temps Retrouvé
Feminist in progress, Lauraine Meyer, Casterman
Feminist in progress
Lauraine Meyer
Casterman
Date de parution : 4 mai 2022
ISBN : 9782203242333, 248 pages, 20.71€
Quel plaisir d’avoir reçu à la librairie le 21 mai dernier l’autrice Lauraine Meyer. Vous ne la connaissez pas encore ? C’est normal, il s’agit de sa première bande dessinée ! Et nous ne manquerons pas de vous en reparler.
Dans Féminists in progress l’autrice nous raconte comment elle a ouvert les yeux sur le sexisme avec une rencontre dans notre belle ville d’Amsterdam. Quelle rencontre ? Benoîte Groult. Il y a quatre ans, quand Lauraine arrive à Amsterdam, elle entre dans une bouquinerie. Le seul livre qu’elle y trouve en français est “Ainsi soit-elle”. A sa lecture, elle a l’impression de chausser de nouvelles lunettes et d’enfin y voir clair sur les blocages de notre société. Avec cet ouvrage très documenté, Lauraine Meyer retrace son parcours et déconstruit au fil des pages les normes et les idées reçues. Un livre que l’illustratrice a voulu “à laisser traîner sur toutes les tables basses”, pour que toutes et tous puissent commencer un cheminement commun vers un mieux vivre ensemble. On appréciera le soin qu’à apporter l’auteure à la construction de sa bande dessinée documentaire avec des chapitres clairs, une belle table des matières détaillées et une bibliographie bien remplie. Tout ça avec un dessin très pop. Une bonne dose de vitamine colorée contre le patriarcat. Une lecture accessible – accompagnée – à partir de 10 ans.
Tiphaine Hubert, libraire au Temps Retrouvé