De la difficulté de dire non
Le 7 avril 2016 | 0 Commentaires

 

Dans son éditorial du numéro d’avril du Magazine littéraire, Pierre

Assouline, parle, sur un ton respectueux et amusé, du recueil de lettres

d’Henri Michaux, recueil justement nommé, “Donc c’est non”, qui vient

de paraître chez Gallimard en Collection Blanche. Au travers de ces

lettres se découvre la « stratégie de disparition » du grand penseur, qui

disait systématiquement non à toute demande d’entretien, émission, prix

littéraires et autres promotions de son œuvre et de lui-même. Veillant à

ce que ses livres ne dépassent pas le tirage de 2000 exemplaires, Pierre

Assouline rapporte qu’il ajoutait  « dans la crise du papier, ce ne sera

pas moi qui mordrait dans le stock !».

Et pourtant il est des circonstances dans lesquelles le oui est désirable

et nécessaire.

La traduction de "Pristina", dernier livre de Toine Heijmans, écrivain et

journaliste néerlandais, (Prix Médicis Etranger 2013 avec le magnifique

"En mer"), vient de paraître chez Christian Bourgois. Dans ce livre,

Toine Heijmans parle de l’importance de dire oui, un oui à l’autre. Il

nous rappelle ou nous apprend que des centres pour les demandeurs

d'asile dans plusieurs îles, sorte d'Ellis Island néerlandais, ont longtemps

existé aux Pays-Bas. Ils sont à présent fermés. Toine Heijmans nous

fait connaître les habitants de la toute petite île de Vlieland, qui ne

comprend qu’une centaine d’insulaires. Son roman parle d’une rencontre

avec un des derniers demandeurs d'asile. Cette homme raconte

comment il a été accueilli sur lîle de vlieland, comment, après la

méfiance, s'est installée la confiance et comment il s'est finalement

intégré à la petite communauté de l'île. Il ne s'agit que d'un roman, dit

Toine Heijmans, interrogé sur son livre, et non d'un reportage. Toine

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Heijmans, lui, voit ces hommes et ces femmes qui demandent asile,

comme des êtres humains susceptibles d'apporter leur pierre à la

construction du pays et non comme des intrus venus uniquement pour

prendre et recevoir.  Comme il est bon de lire Heijmans et de se dire

qu'il existe aux Pays Bas d'autres voix que celle de  Monsieur Wilders,

d’autres voix en faveur du “oui”.

Le docteur Day est absolument nul en histoire. Pourtant il parvient à

soigner ceux qui se prennent pour de Gaulle ou Jeanne d’Arc. Cette fois,

c’est Napoléon. Pauline, et oui, une femme, après tout pourquoi pas, se

prend avec un grand professionnalisme, pour Napoléon. S’en suit un

récit délirant et drôle qui nous transporte pendant la retraite de Russie,

près de Smolensk, dans la forêt, où l’on y fait d’intéressantes rencontres.

Bien loin des autofictions et autres romans parus ces derniers temps,

certains magnifiques mais si tristes, « Le Retour de Russie », de Iegor

Gran, chez P.O.L., agrémenté d’amusantes illustrations est un remède à

la morosité !

Jeunesse

Un très beau livre à recommander à nos adolescents. Eric Pessan,

dans « Aussi loin que possible », publié par l’Ecole Des Loisirs, nous

décrit l’amitié de deux garçons Antoine et Tony ,deux garçons d’une cité

de banlieue ordinaire en province près de la mer, sinistre  et

sans espoir. Au début c'est un simple défi à celui qui court le plus vite et

puis le destin s'en mêle, « comme deux rivières qui sortiraient de leur lit

pour suivre un autre cours ». Tony fuit la peur de la police qui peut surgir

à chaque instant pour les renvoyer en Ukraine.

Antoine, lui, fuit la peur des coups de son père. Tony rêve d'être

médecin, Antoine d’écrire des livres. Ils courent, parcourent 380 km en

une semaine. Ils sont épuisés. Comment cette folle course va-t- elle se

terminer ? L’amitié, l’incompréhension des parents, le dépassement de

soi, "on court dans le bonheur de l'instant.", on oublie la douleur.

L’ivresse de la fuite. "Tony a sa tristesse. J'ai ma colère". Le cours du

destin peut être changé. Mais c’est aussi la récupération d’une histoire

simple d’enfants perdus et malheureux par le monde des adultes.

L’incompréhension persiste-t- elle ?

Histoire

Le 14 avril prochain, il y aura 40 ans, disparaissait Simone de

Beauvoir.  Un ouvrage collectif, réalisé sous la direction de Sandra

Boehringer, historienne et Maître de conférence à l’Université de

Strasbourg et de Violaine Sébillote-Cuchet Professeur à la

Sorbonne,Paris I, livre absolument passionnant, montre que le débat et

le combat des genres appartient au premier chef au XXème siècle.

Sandra Boehringer nous dit ainsi que « pour les Grecs anciens, la

différence entre hommes et femmes n'est presque pas une question,

tant elle est surclassée par d'autres distinctions – et avant tout celle entre

citoyen et esclave. Les sorts faits aux femmes étant très divers, il ne

peut émerger de revendication globale sur leur condition de vie.

À la lumière des analyses du Deuxième Sexe sur la construction de la

différence de sexes élaborée par « l'ensemble de la civilisation», on peut

se demander ce qu'il en était pour les sociétés antiques. » (Sandra

Boehringer, Magazine Littéraire, Avril 2016).

Soirées littéraires

Pierre-Jean Brassac, 18 mars 2016

Le 18 mars dernier nous avons reçu Pierre-Jean Brassac. Depuis

longtemps les hommes meurent et s’entretuent pour des idées. Pierre-

Jean Brassac nous a parlé d’un de ses livres, livre iconoclaste "Les

idées viendront à pied", dans lequel il dit avec humour mais fermeté,

que les hommes valent beaucoup plus que les idées. Reprenant a

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grands traits son très beau livre, le "Royaume qui porte l'eau à la mer"

ainsi que son dernier livre "Les néerlandais: un autoportrait", Pierre-

Jean Brassac nous a dit aussi comment une nation était née, fondée

par des femmes et des hommes de tous horizons, de races, de religions,

s'unissant dans un combat sans fin contre l'eau et la mer. Nos amis

néerlandais l’auraient-ils oublié ?

Claude Lanzmann, 20 mai 2016

Vendredi 20 mai 2016 – 20:00 heures

Claude Lanzmann

OBA, Openbare Bibiblioteek Amsterdam

Oosterdokskade 143, 1011 DL Amsterdam

Nathaniel, il faut retirer l’image du livre sur la photo

Le vendredi 20 mai 2016, à 20:00 heures, dans le cadre des

Rencontres Littéraires de l’Institut Français, Maison Descartes,

Pierre-Pascal Bruneau recevra Claude Lanzmann. Compte

tenu du retentissement de cette soirée et du grand nombre attendu de

participants, elle ne pourra avoir lieu au “529” et se déroulera donc “hors

les murs” dans le grand théatre de l’OBA.

Traduction simultanée

Un traducteur assurera la traduction simultanée en néerlandais de

l’entretien qui se déroulera en français. Des écouteurs seront fournis.

Merci de nous faire savoir dès que possible si vous souhaitez en

disposer en envoyant un courriel à l’adresse suivante : Claire Phan Tan

Luu claire@echappeebelle.nl

L’entretien

Claude Lanzmann, « l’homme aux cent vies »

(“Le divin plongeur, éditions Gallimard, 2012”).

Notre entretien se déroulera autour de trois thèmes:

(i) La construction d’un homme exceptionnel dès l’adolescence

(ii) Les combats de l’écrivain pour défendre, aux cotés de Jean-

Paul Sartre et Simone de Beauvoir, la liberté et la justice et

(iii) Claude Lanzmann : témoin, pour le monde, des mécanismes

terribles de l’atroce machine de destruction nazie, Claude

Lanzmann, l’homme qui a dédié douze années de sa vie pour

créer cette oeuvre unique qu’est le film “Shoah”.

Réservez dès maintenant vos places en cliquant ici.

Insérer boite pour RESERVATIONS

L’Echappée belle, cinémathèque Française

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“Het Ketelhuis” projettera le lendemain samedi 21 mai

à 15 :00 heures le film de Claude Lanzmann « Sobibor : 14 octobre

1943, 16 :00 heures ».

A l’issue de la projection, à 16 :45, Claude Lanzmann répondra aux

questions de l’audience.

Ariejan Korteweg, journaliste au Volkskrant, auteur du livre

"Sur Place", (récit sur sur ses 7 années passées à Paris) recueillera les

questions de l’audience et retransmettra les réponses de Claude

Lanzmann.

Plusieurs autres films de Claude Lanzmann seront également projetés

les jour suivants dont « Shoah », documentaire aux multiples prix,

distinctions et nominations, réalisé à l’issue de plus de douze années

d’efforts par Claude Lanzmann, sera également projeté au cours de trois

soirées.