Goncourt
Leïla Slimani l’emporte pour son roman “Chanson douce”, paru chez Gallimard.
Les jurés de l’académie Goncourt avaient retenu quatre livres pour leur dernière sélection:
Terrifiant et remarquable roman de Leïla Slimani qui commence par la fin c’est à dire l’assassinat par la gouvernante idéale du bébé et de la petite fille dont elle avait la garde. Roman fascinant de la manipulation et de la duplicité. “D’après une histoire vraie” de Delphine de Vigan avait superbement décrit les mécanismes de l’emprise d’une femme sur une autre. La manipulation ici est poussée à l’extrême jusqu’à l’horreur, “Chanson douce” ou comment accorder sa confiance à un monstre en toute sérénité.
Le jury du Goncourt se compose de Bernard Pivot, président, Paule Constant, Pierre Assouline, Françoise Chandernagor, Didier Decoin, Philippe Claudel, Patrick Rambaud, Tahar Ben Jelloun, Virginie Despentes et Eric-Emmanuel Schmitt.
Renaudot,
C’est donc Yasmina Reza avec “Babylone”, édité par Flammarion”, qui succède à Delphine de Vigan, qui avait reçu le Renaudot pour “D’après une histoire vraie”.
Cinq romans avaient été retenus pour la dernière sélection dont deux, “Chanson douce” de Leïla Slimani à qui a été décerné le Goncourt et “Cannibales” de “Régis Jauffret”, livres qui étaient également dans la dernière sélection du Goncourt.
Les jurés du Renaudot auront donc finalement choisi “Babylone” de Yasmina Reza.
Nous en avions parlé, en bien, dans notre lettre de septembre. Un quasi huis clos, qui nous rappelle que Yasmina Reza est avant tout une dramaturge. Galerie de portraits en apparence parisienne mais finalement assez universelle, Yasmina Reza plante le décor. Une langue assez classique, qui diffère de celle de “Heureux les heureux”, incisive et directe néanmoins, comme son auteur, une langue qui décrit et fait ressentir et voir en un trait. Le clan familial d’abord, petit et serré, sans que cela soit dit, Elisabeth et sa soeur sont comme apatrides ou plutôt n’ont qu’une patrie, leur cercle familial restreint et clos. Puis le fait divers, banal et qui pourrait être terrifiant, sordide, mais ne l’est pas, vu avec distance et somme toute une certaine froideur. Meurtre à la Simenon mais traité très différemment, ici pas d’identification au personnage central, distance toujours. Roman de l’insatisfaction et de la désillusion, roman contemporain d’une impeccable facture.
Le prix Théophraste Renaudot ou prix Renaudot, est un prix littéraire qui a été créé en 1926 par dix journalistes et critiques littéraires attendant les résultats de la délibération du jury du prix Goncourt. Le jury du prix Renaudot est composé de Christian Giudicelli, Dominique Bona, Franz-Olivier Giesbert, Georges-Olivier Châteaureynaud, Jean-Marie Gustave Le Clézio, Jean-Noël Pancrazi, Louis Gardel, Patrick Besson, Jérôme Garcin, et Frédéric Beigbeder.
Femina
Le prix Femina 2016 a été décerné le 25 octobre à Marcus Malte, pour “Le garçon”, (Zulma).
« Le prix Femina est un prix littéraire créé en 1904 par vingt-deux collaboratrices du magazine La Vie Heureuse, sous la direction de la poétesse Anna de Noailles afin de constituer une contre proposition au prix Goncourt qui consacrait de facto des hommes. ”(source Wikipédia)
Le jury du Femina, exclusivement féminin, comporte douze membres, dont les romancières Virginie Despentes et Évelyne Bloch-Dano, qui siègent aux côtés de Camille Laurens, Diane de Margerie, Paula Jacques, Danielle Sallenave et Chantal Thomas.
Académie Française
Le grand prix de l’Académie française 2016 a été décerné à Adélaïde de Clermont-Tonnerre, pour “Le dernier des nôtres”, (Grasset).
Choix un peu surprenant pour un livre somme toute assez tiède. Une normalienne qui écrit bien a certes de quoi plaire à nos académiciens. L’histoire qu’elle raconte a tous les éléments d’un roman d’aventure qui aurait pu séduire, 1945 l’allemagne au jour de la défaite, criminels nazis, enfant adopté puis Manhattan dans les années soixante dix. Mais trop de clichés et le manque de profondeur des personnages font que l’on accroche pas vraiment.
L’an dernier, deux auteurs avaient été choisis ex aequo par l’Académie française, Hédi Kaddour pour son livre “Les prépondérants “ et Boualem Sansal pour “2084”.
Médicis
Le Prix Médicis 2016 a été attribué le 2 novembre à Ivan Jablonka, pour son récit-enquête “Laetitia ou la fin des hommes”, (Seuil).
Jablonka était en compétition avec six autres romans et a obtenu finalement le prix au dernier tour au détriment de « Tropique de la violence » de Nathacha Appanah, (Gallimard).
« J’ai une pensée pour Laetitia, pour sa soeur Jessica et pour tous leurs proches », a commenté l’écrivain en saluant un « extraordinaire honneur ».
Récit qui rappelle deux livres de l’an dernier consacré à Pauline Dubuisson, l’histoire est cette fois consacrée à la victime. Portrait de Laëtitia Perrais, jeune femme de 18 ans, violée, assassinée près de Pornic (Loire-Atlantique) en janvier 2011, Jablonka, qui s’identifie, comme Flaubert, à son personnage, parle de façon réaliste et très critique de la France d’aujourd’hui.
“Le prix Médicis est un prix littéraire français fondé par Gala Barbisan et Jean-Pierre Giraudoux le 1er avril 1958 afin de couronner un roman, un récit, un recueil de nouvelles dont l’auteur débute ou n’a pas encore une notoriété correspondant à son talent. “ (source Wikipedia)
Le jury du Prix Médicis est composé d’Emmanuèle Bernheim, Michel Braudeau, Dominique Fernandez (de L’ Académie Française), Anne F. Garréta, Patrick Grainville, Frédéric Mitterrand, Christine de Rivoyre, Alain Veinstein et Anne Wiazemski.
Prix Gulli, Prix littéraire pour la jeunesse
Le cinquième prix Gulli du roman a été remis jeudi 29 septembre par la chaîne de télévision jeunesse à Pascal Prévot, auteur de “Théo, chasseur de baignoires en Laponie”, paru en juin 2016 au Rouergue.
Quatre autres livres étaient en compétition :
Marie Desplechin a été choisie comme marraine de la 5e édition du prix Gulli du roman, qui distingue un ouvrage destiné aux 8-14 ans. Le jury est présidé par Michèle Reiser.
L’an dernier, le prix avait été remis à Roland Godel pour “Dans les yeux d’Anouch, Arménie 1915,” paru chez Gallimard Jeunesse.
La rubrique de Clément Magneau
Libraire au Temps Retrouvé
“Règne animal”, une oeuvre hors du commun de Jean-Baptiste Del Amo
“Règne animal” de Jean-Baptiste Del Amo est un roman qui sort du ronron et de la routine ordinaire du roman en ceci qu’il évoque un sujet rarement abordé en littérature, celui de notre relation aux animaux et plus précisément de la relation que nous avons avec les animaux destiné à notre alimentation, et du sort cruel que nous leur faisons désormais en les condamnant par l’élevage intensif à ne plus être que de la viande sur pattes, avant d’en faire de la viande dans nos assiettes.
Ce livre fort et dérangeant (qui a reçu toutefois le prix des libraires de la ville de Nancy), nous raconte dans un style sobre et sans le moindre pathos l’histoire à travers trois générations, d’une famille de paysans pauvres du début du vingtième siècle jusqu’à sa conversion dans les années 1970-80 en éleveurs de porcs aux prises avec la folie ordinaire qui découle quasi inévitablement de cet état, qu’on ne saurait appeler décemment une profession. Car il s’agit d’un état si parfaitement contre nature, qu’il ne peut y avoir que les effets délétères sur l’esprit et le moral de ceux qui s’y consacrent, alors qu’ils sont confrontés quotidiennement à la puanteur et à la merde, pour ne rien dire des cris et de la souffrance de ces pauvres bêtes confinées dans un univers de béton et d’acier, vivant dans leurs excréments (si on peut appeler cela “vivre”), et qui jamais ne fouleront la terre ni ne verront le soleil, ou ne respireront l’air du dehors de toute leur misérable vie.
Une phrase de la quatrième de couverture résume on ne peut mieux l’intention et le sujet de cet ouvrage: “Règne animal est un grand roman sur la dérive d’une humanité acharnée à dominer la nature, et qui dans ce combat sans pitié révèle toute sa sauvagerie et toute sa misère.” Le livre refermé on en vient tout naturellement à se demander comment, nous qui appartenons au règne animal, avons pu nous en éloigner à ce point, jusqu’à en oublier même cette appartenance. L’éthologue Frans de Wal nous le rappelle avec un rien d’humour désabusé: “L’homme est le seul animal qui pense qu’il n’est pas un animal. Et il en est fier.” ce qui nous renvoie à Montaigne, écrivant dans l’Apologie de Raymond Sebon: “Ce n’est pas vrai discours, mais par une fierté folle que nous préférons aux autres animaux et nous séquestrons (retranchons) de leur condition et société.” C’est bien, selon moi, ce que Jean-Baptiste Del Amo a voulu rappeler avec ce roman tout à fait extra-ordinaire, et d’une rare maestria.
Version 1
Le vendredi 11 novembre, rencontre au 529 avec Fouad Laroui, qui avait eu la grande gentillesse d’accepter d’être notre premier invité pour les Rencontres Littéraires du 529. Fouad Laroui revient nous voir pour nous parler de son nouveau livre, “Ce vain combat que tu livres au monde”, paru fin août chez Julliard. La réservation pour cette soirée est toujours disponible.
Réservez votre place
Toujours en novembre, la Cinémathèque française consacre un cycle à FrançoisTruffaut;. Dans le cadre de la troisième “Journée de langue française” la cinémathèque projetera également le mardi 8 novembre à 19:00 heures “Aya de Yopougon”, film d’animation réalisé en 2013 par Marguerite Abouet, Clément Oubrerie.
Voir le programme
Version 2:
L’Échappée Belle vous propose une nouvelle Rencontre littéraire au 529 le vendredi 11 novembre 2016 avec Fouad Laroui
Il y a déjà plus d’un an, en juin 2015, Fouad Laroui avait eu la grande gentillesse d’accepter d’être notre invité pour la toute première Rencontre Littéraire du 529.
Fouad Laroui revient nous voir pour nous parler de son nouveau livre, “Ce vain combat que tu livres au monde”, paru fin août chez Julliard.
Le ton du nouveau livre de Fouad Laroui est grave. Sujet d’une actualité brûlante, Fouad Laroui décrit minutieusement les mécanismes qui vont transformer Ali, un jeune ingénieur franco-marocain, en un fondamentaliste fou.
“Le voilà maintenant en zone de guerre à quatre mille kilomètres de chez lui… mais c’est où, chez lui”.
Choc de deux langages, deux paroles, Fouad Laroui décrit la réaction des proches d’Ali, le désarroi et leur révolte, l’impact dévastateur sur Malika et leur histoire d’amour. Mais aussi, et c’est là où il excelle, ce livre est l’occasion pour Fouad Laroui de nous donner un magistral cours d’histoire. La “grande histoire”, celle du XXème siècle, Fouad Laroui nous la présente avec objectivité et clarté et donne un éclairage essentiel pour comprendre les enjeux des conflits actuels.
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En novembre, la Cinémathèque française consacre un cycle à FrançoisTruffaut;. Dans le cadre de la troisième “Journée de langue française” la cinémathèque projetera également le mardi 8 novembre à 19:00 heures “Aya de Yopougon”, film d’animation réalisé en 2013 par Marguerite Abouet, Clément Oubrerie.
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