Comme toujours, les délibérations du Goncourt ont été très animées. Pour la deuxième année consécutive, Didier Decoin, le président de l’Académie Goncourt, a dû faire usage de sa voix prépondérante. Le choix cette année était particulièrement difficile car les quatre livres de la dernière sélection étaient tous très bons. Nous avons déjà parlé de Sarah, Susanne et l’écrivain, le très beau livre d’Éric Reinhardt (Gallimard), après quatorze tours de vote, n’a finalement pas été choisi. Nous avons également parlé, avec enthousiasme, dans notre dernière lettre, du lauréat du Goncourt 2023, Veiller sur elle, deJean-Baptiste Andrea (Éditions de l’Iconoclaste). Il faut, à cet égard, saluer le choix des académiciens Goncourt qui ont enfin délaissé les auto fictions, qui représentent le gros des publications de ces dernières années (nous avons néanmoins aimé celle d’Ann Scott, Les insolents, publié chez Calmann Levy, qui a reçu le Renaudot et dont nous parlons dans cette lettre), pour choisir une œuvre d’imagination. Le troisième livre de la dernière sélection était Triste tigre, de Neige Sinno (P.O.L), dont certains membres de l’Académie disent qu’il aurait eu le Goncourt s’il n’avait pas déjà reçu le Prix Fémina. Un récit fort et troublant, choquant mais important, et qui a été abondamment commenté par l’ensemble de la critique littéraire. Il nous reste donc à vous parler d’Humus, de Gaspard Koenig, une superbe fable que Véronique Fouminet a beaucoup aimée. Enfin, nous vous parlerons de la découverte, assez inouïe, de Ségurant, le chevalier au dragon,un roman Arthurien, roman des Chevaliers de la Table Ronde, édité et traduit par Emanuele Arioli d’après des manuscrits médiévaux retrouvés.
Nous recevrons Colombe Schneck, le 14 décembre prochain (soirée initialement prévue le 2 novembre), pour parler de ses livres. Pour vous donner l’envie de venir l’écouter nous avons lu pour vous plusieurs de ses livres, dont son dernier roman, Mensonges au paradis (Grasset).
Et puis, nous vous recommandons quelques essais, dont le passionnant Labyrinthe des égarés, d’Amin Maalouf de l’Académie française (Grasset) et aussi des bandes dessinées nouvellement parues, bref de quoi occuper vos soirées en ces temps gris et pluvieux.
PPB
Humus, Gaspard Koenig, Prix Jean Giono 2023
Éditions de l’Observatoire
Date de parution : 23 août 2023
ISBN : 9791032927823, 379 pages, 25.30€
« Les Romains le savaient bien : Homo vient d’humus. Homo vit d’humus. Puis Homo a détruit humus. Et sans humus, pas d’Homo. Simple. » p.179
« –Tu entends la mésange ? murmura Kevin. Arthur reconnut le chant aigu à deux tons, annonciateur des beaux jours. Indifférente au massacre, la mésange célébrait le soleil en se cherchant un bon parti. A quoi ressemblait son monde ? (…) Les humains courant sous la canopée ne représentaient que de vagues formes sans intérêt. » p. 267
« Ver de terre » voilà les premiers mots du roman ! Effectivement, les lombrics sont au centre de cette histoire, ils sont le thème central grâce auquel une belle amitié se développe entre les personnages principaux. Il s’agit de Arthur et Kevin, tous deux étudiants à AgroParisTech ; ils partagent le même idéal écologiste et, frappés par une conférence sur les vers de terre, nouent le pacte d’y consacrer leur vie. Issus de milieux différents, dotés de personnalités presque opposées, chacun s’engage, une fois diplômé, sur sa route : à l’un le rêve du retour à la terre, idéaliste et extrémiste, à l’autre la réussite industrielle et financière. Le lecteur suit avec plaisir le développement de ce roman d’apprentissage, sur fond d’angoisse climatique. Mais ce n’est pas tout, en effet, c’est toute notre époque qui est égratignée par le regard lucide et la plume vive de l’auteur. Et le roman devient tragédie et satire de notre société avide de profit, gourmande de privilèges et assise sur des cercles élitistes. De leur idéal broyé, Gaspard Koenig propose une belle fable, résolument moderne, à la fin surprenante, qui laisse, malgré tout, une place à l’espoir : considérer le monde du point de vue d’une mésange, ou d’un ver de terre.
Véronique Fouminet
Les Insolents, Ann Scott, Prix Renaudot 2023
Calmann Levy
Date de parution : 23 août 2023
ISBN : 9782702180761, 280 pages, 20.70€
« Elle a hâte qu’elle arrive. Besoin de voir la chambre d’amis enfin servir. Besoin de voir Margot utiliser ce qui a été acheté pour elle dès le début, la brosse à dents, le flacon de son eau de toilette. Besoin de mettre la table pour deux, d’y poser la cocotte sur un dessous-de-plat au lieu de se servir dans la cuisine debout devant le plan de travail. Besoin que demain matin la cuisine sente le pain grillé et les oranges pressées, au lieu qu’elle se contente de tremper un biscuit dans son thé par flemme de préparer des choses seulement pour elle. » p.92
Margot, l’amie de coeur, l’amie compliquée, aux réactions brutales, souvent incompréhensibles, ne viendra pas dans le Finistère voir son amie Alex. Jacques, l’ami de toujours, le confident, sensible et prévenant, ne viendra pas non plus. Alex est musicienne, elle aime être avec Jean, pour la musique, mais elle ne l’aime pas et le lui dit. Elle dit qu’elle est lesbienne aux « mecs qui ne le lui plaisent pas » et qu’elle est hétéro aux filles qui ne « l’attirent pas non plus« . « Mais elle n’en sait rien finalement« . Alors, désabusée, un peu perdue, elle part, elle quitte Paris et le microcosme de gens aussi doués et aussi paumés qu’elle. Elle quitte ces tristes « Insolents« , qui se moquent d’eux-mêmes et de la vie, pour s’installer, seule, dans une maison en Bretagne, au bord de la mer. Là, elle sait qu’elle pourra à nouveau faire de la musique et composer. Alex et Ann Scott ont beaucoup de points communs. Dans ses romans, les personnages importants sont toujours des artistes, souvent des musiciens, qui évoluent dans des milieux fermés et marginaux, comme un reflet d’elle-même. Dans Les insolents, le voyage est intérieur et l’environnement, une maison, froide, isolée, battue par les vents, n’est là que pour donner un cadre à la solitude voulue de la narratrice. Alex se souvient, revisite ses rêves, ses échecs et ses déceptions, mais ce retour en arrière n’a rien de dépressif. Il s’agit plutôt d’une mise au point, d’un recul sur soi, dans le but de se connaitre mieux, d’une quête identitaire. En analysant les « intermittences du cœur », ce déchirement intime que ravive le souvenir des amours et des amitiés passées, Ann Scott nous fait ressentir, revivre, avec justesse, ce que provoque en nous l’éloignement d’un être cher ou la fin d’une histoire d’amour. Un joli livre qui laisse au lecteur une impression douce et durable.
Pierre-Pascal Bruneau
Ségurant, le chevalier au dragon,Roman de la Table Ronde édité et traduit par Emanuele Arioli d’après des manuscrits médiévaux retrouvés.
Les Belles Lettres
Date de publication : 6 Octobre 2023
ISBN : 9782251454535, 272 pages, 15.52€
« Je veux que vous sachiez qu’il n’y eut aucun des quatre cents jeunes chevaliers qui ne brisât sa lance sur l’écu de Ségurant, et sue, malgré tous ces coups, que celui-ci ne bougea même pas le pied de son étrier ni ne fléchit aucunement. (…) Que vous dire ? L’extraordinaire exploit qu’il accomplit ce jour-là fut remarqué de toutes parts. » p. 30-32
Incroyable mais vrai : un nouveau roman arthurien ! Le médiéviste Emanuele Arioli a consacré plus de dix ans à la quête des manuscrits puis à l’édition de ce texte. Après avoir parcouru les bibliothèques de toute l’Europe, il nous livre un magnifique objet : le roman disparu et ses continuations, illustrés d’enluminures originales et de reproductions (d’une grande qualité) de quelques pages des précieux manuscrits. Les aventures de Ségurant, le chevalier au dragon, ont sans doute été écrites entre 1240 et 1279 en Italie du Nord. Il s’agit d’un roman en prose qui s’inscrit dans le cycle des romans des chevaliers de la Table Ronde.
Ségurant, à l’instar d’Yvain, tue des lions et, comme Lancelot, remporte tous les tournois auxquels il participe. Cependant, les exploits du chevalier ont un autre but que ceux de ses aînés : il ne s’agit pas de servir la Dame aimée, mais d’accroitre la renommée de sa lignée. C’est donc sous l’égide de la famille que les exploits sont accomplis, l’amour courtois est remplacé par l’amitié masculine. Puis, notre preux chevalier est victime d’un ensorcèlement qui le pousse à la poursuite d’un dragon… imaginaire ! Morgane et ses acolytes persuadent Arthur et ses chevaliers que Ségurant lui-même n’était qu’un mirage ; le voilà condamné à l’oubli… Tous les éléments du modèle du héros profane sont donc réunis. Le style est celui du conteur, qui interpelle le lecteur, s’autorise les traits d’humour autant que la poésie. Nous sommes bien à la fin de la chevalerie, époque à laquelle personnages, conteur et lecteurs s’amusent des codes, pour le plus grand plaisir du lecteur moderne ! Bref, un petit bijou d’édition et une très agréable plongée dans le monde arthurien.
Véronique Fouminet
Une histoire romaine, Louis-Philippe Dalembert
Sabine Wespieser
Date de parution : 24 août 2023
ISBN : 9782848054902, 247 pages, 25.30€
« (…) la comtesse, entourée de ses quatre garçons, ne put s’empêcher, après avoir enlevé son gant, d’essuyer du revers de l’index recourbé une discrète larme : la cérémonie avait été grandiose, elle avait accompli son devoir de mère et de doyenne de la lignée De Pretis; » p.85
Louis-Philippe Dalembert a été finaliste du Goncourt, en 2021, avec son puissant roman, Milwaukee Blues. Inspiré par le meurtre de George Floyd, Milwaukee Blues raconte l’histoire d’un adolescent que le football américain aurait pu arracher au ghetto mais dont la vie s’est brutalement arrêtée en 1955, assassiné par des brutes racistes. Avec Une histoire romaine nous sommes bien loin du Midwest et du racisme. Louis-Philippe Dalembert nous raconte, avec beaucoup d’humour et de verve, l’histoire de deux familles romaines que tout oppose. Sur la rive droite du Tibre, vit la famille de Pretis, à quelques minutes à pied du Vatican. Issus d’une longue lignée d’aristocrates, aujourd’hui désargentés, fervents catholiques, les de Pretis sont tous menés à la baguette par la vieille contessa. La famille Guerrieri Sabatelli, juifs fortunés et peu pratiquants, vit sur la rive gauche, près du Château Saint Ange. Une vieille dame, Zia Rachele, qui affiche un tout autre style de vie que la contessa, règne sur le palazzo de la via Giulia. Elena, jeune fille rebelle, est en opposition quasi constante à sa grand-mère, la contessa. Giuseppe, d’un tempérament calme et consensuel, est prêt à toutes les concessions pour épouser Elena dont il est tombé éperdument amoureux. De cette union naitront des enfants dont Laura, qui aura à cœur de perpétuer l’héritage culturel des deux familles. C’est à une promenade dans Rome, des années trente à nos jours, à laquelle nous convie Louis-Philippe Dalembert, un peu à la manière de Stendhal. Rome, il nous donne l’impression qu’il y a vécu toute sa vie, tant il décrit, avec précision, les lieux dans lesquels évolue tout ce petit monde. Si vous aimez l’Italie et Rome, laissez-vous séduire par l’écriture sensible et pleine de retenue de cette Histoire romaine, une charmante comédie à l’italienne dans la grande tradition des films de Vittorio de Sica, d’Ettore Scola, ou même, de Dino Risi.
Pierre-Pascal Bruneau
Mensonges au paradis, Colombe Schneck 
Grasset
Date de parution : 8 mars 2023
ISBN : 9782246828051, 180 pages, 21.27€
Nous devions recevoir Colombe Schneck il y a quelques semaines mais la tempête Ciaran en a décidé autrement. Ce n’est que partie remise puisque nous la recevrons finalement le jeudi 14 décembre. Vous aurez donc un peu plus de temps pour lire ses livres. Dans ce dernier roman, Mensonges au paradis, elle se remémore les vacances de son enfance et de son adolescence, passées dans un home d’enfants en Suisse. Ce sont toutes les vacances, d’automne, de Noël, de février, de Pâques et puis tout le mois de juillet, qu’elle passe dans le chalet d’Anne-Marie et Karl, depuis l’âge de six ans jusqu’à ses vingt ans. Ce n’est pas que ses parents ne l’aiment pas. Non, son père, surtout, l’adore. Mais le mode de vie de la famille est jugé par ses parents peu approprié pour des enfants : amants, maitresses, polygamie, vies dans des appartements séparés et vies professionnelles bien remplies, ne laissent que peu de place pour des vacances « en famille ». Dès lors, la narratrice vivra avec deux familles, celle de Paris et celle du chalet en Suisse. Cette deuxième vie de famille a toutes les apparences du paradis. Mais, qui est vraiment Karl, le géant, formidable sportif, si merveilleux et protecteur de tous ces enfants ? Que se passe-t- il au chalet en dehors des vacances scolaires ? Vava et Patou, les enfants de Karl et d’Anne-Marie, ont-ils une enfance aussi heureuse que celle des enfants d’adoption de leurs parents ? Des années après, la narratrice revient au paradis de son enfance et cherche à savoir qui étaient vraiment ses deux parents adoptifs. Un beau récit sur l’enfance et l’apprentissage de la vie, avec ses désillusions et ses mensonges.
Nous parlerons aussi, le 14 décembre prochain, avec l’autrice, de plusieurs autres de ses livres. La toile de fond de la plupart de ses récits, est, comme chez Sagan, celui d’une classe sociale de privilégiés. Mais la bourgeoise qu’elledécrit est bien particulière. C’est celle du VIe arrondissement, une classe sociale à part entière, de privilégiés, un microcosme avec ses codes et ses règles, celle dont les enfants vont à l’École Alsacienne et voyagent de par le monde dès leur plus jeune âge. Colombe Schneck en dissèque les rouages, et en rapporte, sans complaisance, les habitudes et les tics.
Dix-sept ans (Grasset, 2015), c’est l’histoire d’un avortement, un livre fortement inspiré par Annie Ernaux et son roman L’événement. Deux petites bourgeoises (Stock, 2021) met en scène deux amies, Héloïse et Esther, qui nous parlent de l’amitié et de l’amour. Colombe Schneck décrit aussi la détresse de certaines femmes de ce milieu très privilégié, qui sont « essorées par leur genre », un milieu où le patriarcat domine et parler de son père avec lequel elle avait un lien très fort (Les Guerres de mon père, Stock, 2018). Elle sait également magnifiquement raconter sa famille, son enfance, comme dans Mensonges au paradis, dont on vient de parler, ou encore évoquer, avec pudeur et retenue, la Shoah qui a touché violemment une partie des siens (La réparation, Grasset, 2012)
Pierre-Pascal Bruneau
Essais
Submersion, Bruno Patino
Grasset
Date de parution : 4 octobre 2023
ISBN : 9782246836520, 144 pages, 18.40€
« La sagesse et la philosophie, la pause et le silence sont et seront, bien au-delà de la technique, les forces qui permettent de maîtriser les possibilités extraordinaires du réseau pour les tourner à not avantage. Naviguer la submersion se fera grâce à elles. Alors, seulement, serons-nous en mesure de faire face à la multitude. » p. 125
« Ce qui menace le monde, est-ce son incrédulité, ou, au contraire, les outils qui renforcent sa crédulité ? » p. 107
Bruno Patino, actuel président d’Arte, poursuit sa réflexion à propos de l’Homo numericus que nous devenons. Il propose au lecteur de prendre une pause et de réfléchir aux effets que produit l’offre pléthorique à laquelle nous avons tous accès. Cette offre, c’est la submersion : trop de messages, images, textes, musiques ; « L’humanité produit chaque jour 2,5 quintillions d’octets (soit 2 500 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 octets) ». Il ne s’agit pas d’un énième essai démontant les mécanismes des algorithmes mais bien d’une réflexion d’un point de vue presque quotidien, analysant les nouveaux paradoxes ainsi produits. L’auteur, loin d’être technophobe, montre que, finalement, face aux choix impossibles, il nous reste la fuite ou la servitude. Ce qui semble aggraver la situation est le développement de l’Intelligence Artificielle, non que Bruno Patino en condamne l’usage, mais parce que celle-ci ne fait que démultiplier les productions, donc la submersion, donc notre servitude. Nous ne serions plus que soumis à une vision stroboscopique d’une fausse réalité, calculée pour nous plaire et annihilant toute vraie rencontre, toute pensée organisée sur un temps long. Ce qui est stimulant dans ce court essai est, sans aucun doute, la précision des informations brutes mais aussi les très nombreuses références et lectures, depuis les grands philosophes jusqu’aux experts contemporains en passant par les auteurs de science fiction. Dans un style clair et élégant, l’auteur nous invite à reprendre la maîtrise de notre « consommation » de cette offre, en recourant à des « tiers de confiance » ou, plus simplement, en redécouvrant les joies du hasard. Voilà un essai qui aiguillonne la réflexion sur notre époque et notre avenir, tout en donnant envie de (re)lire le Discours de la servitude volontaire de La Boétie et cultiver notre capacité d’analyse, gage de notre liberté.
Véronique Fouminet
Tout doit disparaitre, lettres d’un monde qui s’efface, ouvrage collectif coordonné par Annabelle Perrin et François de Monès, avec un texte inédit de Mohamed Mbougar Sarr (Prix Goncourt 2021)
Seuil
Date de parution : 12 mai 2023
ISBN : 9782021525915, 224 pages
« La deuxième fois je me trouvais au Mexique ou, plus exactement, aux portes du Mexique, dans un seuil qui était à la fois le pays et un no country’s land. J’y ai passé près de treize heures. Cette dernière expérience (note: la première s’est passé en France à l’aéroport d’Orly), fut pourtant pour moi, la plus marquante, la plus précise, la plus triste, la plus comique, la plus métaphorique et, fatalement la plus littéraire. » Les possédés de la frontière, la disparition d’un passeport, Mohamed Mbougar Sarr, p.182
La disparition est une intéressante et originale initiative d’Annabelle Perrin et de François de Monès. Partant de la constatation, simple, que beaucoup de choses dans notre monde disparaissent, ils ont eu l’idée de rassembler des témoignages, écrits sous la forme épistolaire. Tout doit disparaitre en rassemble une dizaine. Ces lettres relatent
des disparitions : celle de tous les arbres de Lagos, ville autrefois luxuriante devenue un désert minéral, ou du local des dockers et de la grève (pas la plage mais le fait de suspendre le travail pour soutenir des revendications) à Dunkerque, disparition du monde réel, dans ces bulles absurdes et monstrueuses que sont devenus les bateaux de croisières, ou encore celle, moins certaine, de la honte et de « la culpabilité au ventre », des jeunes femmes qui décident d’avorter. Nous avons tous en tête des choses qui ont aujourd’hui disparues et dont nous en avons de la nostalgie. Cependant, la démarche d’Annabelle Perrin et François de Monès, elle, n’est pas nostalgique. Plus que du « c’était mieux avant », leur approche relève plus de l’alerte et que d’un passéisme réactionnaire.
Pierre-Pascal Bruneau
Note de l’éditeur
La Disparition est une belle lettre en papier qui arrive chez vous, dans votre boîte aux lettres, tous les quinze jours. Dans l’enveloppe, vous trouverez un long récit, fictionnel ou non, qui raconte une disparition en cours dans notre monde. Mais ce n’est pas tout ! Ce texte sera accompagné d’une carte postale illustrant le récit, d’un nota bene permettant d’approfondir le sujet, résonnant avec la lettre, et de mots croisés un peu givrés.
S’abonner à La Disparition ⟶
Le Labyrinthe des égarés, Amin Maalouf de l’Académie française
Grasset
Date de parution : 4 octobre 2023
ISBN : 9782246830436, 448 pages, 26.45€
« La plupart des pays du monde souffrent de la maladie inverse, pourrait-on dire : plutôt qu’une insistance excessive sur l’enseignement, le savoir, les études, on se montre trop souvent d’une complaisance irresponsable, et quasiment criminelle, envers l’ignorance et l’illettrisme ; alors que chacun sait, aujourd’hui, que c’est le niveau d’instruction des femmes et des hommes, des jeunes et des vieux, qui détermine, pour une société moderne, sa capacité à vivre dans la prospérité, le progrès, la démocratie, la liberté, l’égalité, à sa faire respecter par les autres sociétés humaines, et même à survivre dans le monde difficile qui est le nôtre. » p.88
« Il n’est pas trop tard. Nous avons parfaitement les moyens de sortir de ce « labyrinthe ». Encore faut-il commencer par admettre que nous nous sommes égarés. » p.436
Amin Maalouf, récemment élu secrétaire perpétuel de l’Académie Française, livre une magistrale leçon d’histoire ! Cette fresque historique propose d’étudier l’évolution de quatre grands pays qui défièrent la suprématie forgée par l’Occident, au sens large. Il s’agit donc de redécouvrir l’évolution du Japon, de la Russie, de la Chine et des Etats-Unis. Vaste programme ! Certes, mais l’art de conter est aussi puissant que les connaissances sont vastes et le lecteur se laisse guider avec grand plaisir. Amin Maalouf sait rendre les détails précieux, les personnages vivants, le récit passionnant afin de démontrer comment la bipolarité de notre monde a émergé. Loin de tout jugement, nourri de sa culture plurielle, il nous convie à regarder l’Histoire en multipliant les points de vue et espérant que, enfin, l’humanité parviendra à gouverner autrement. L’auteur reste cependant inquiet et le lecteur avec lui. Un magnifique essai que les événements actuels rendent nécessaire !
Véronique Fouminet
Ukraine, Un endroit inconvénient, Jonathan Littell et photographies d’Antoine d’Agata
Gallimard, Collection Blanche
Date de parution : 3 octobre 2023
ISBN : 9782073036841, 352 pages,
« Car la réalité de ces lieux est invisible. » Jonathan Littell
Ces endroits « inconvénients », comme les appelle Jonathan Littell, ce sont des zones de non-droit où des crimes de masse ont été commis. Il s’agit plus précisément, en Ukraine donc, de deux lieux proches de Kiev : le ravin de Babyn Yar, où plus de trois cent mille juifs on été exécutés, en septembre 1941, par les nazis et la ville de Boutcha où les troupes russes, en février et mars 2022, ont commis des viols, des actes de torture et ont assassiné des centaines de civils. Dans les deux cas il s’agit d’exactions routinières et planifiées. Jonathan Littell, dans cet ouvrage tout à la fois documentaire et livre d’histoire, montre combien la perception des mêmes événements peut-être différente selon le prisme au travers duquel on les regarde et combien les mémoires peuvent entrer violemment en conflit. Les russes et les ukrainiens ont ainsi une mémoire très différente des événements de la seconde guerre mondiale. S’agissant du conflit actuel, Jonathan Littell montre combien Vladimir Poutine aura réussi à unifier, à cimenter, la conscience ukrainienne nationale. Un ouvrage utile, illustré de photos d’Antoine d’Agata, photos fascinantes et souvent troublantes, aux antipodes du photo-reportage, car, pour reprendre les mots de Jonathan Littell : « Comment donc écrire, comment photographier quand il n’y a littéralement rien à voir, ou presque ? «
Pierre-Pascal Bruneau
Une aventure de Blake et Mortimer à New York, L’art de la guerre, Floc’h (dessin), José-Louis Bocquet et Jean-Luc Fromental (histoire).
Dargaud, Éditions Blake et Mortimer
Collection UN AUTRE REGARD SUR BLAKE & MORTIMER
Date de parution : 27 octobre 2023
ISBN : 9782870973011, 128 pages, 26.45€
Un autre regard donc, comme s’intitule cette collection des éditions Dargaud, porté sur les personnages de Jacobs, par Floc’h (Jean-Claude Floch). Ses dessins, tout en restant fidèles à la traditionnelle ligne claire de l’École belge, apportent une poésie et un charme nouveaux aux aventures de Blake et Mortimer. Avec beaucoup de gros plans, des décors simplifiés, des couleurs vives et pleines, sans dégradé, le style de Floc’h rappelle le style de figuration graphique de certains artistes d’art contemporain qui ont remis au goût du jour l’art figuratif, comme Julian Opie ou comme toute une génération d’artistes japonais qui revendiquent l’héritage du Manga. Le traitement des personnages, très stylisé, avec des aplats de couleur aux contours noirs, est une savante alliance de Pop art et d’art minimaliste. Cette approche donne à la bande dessinée une toute autre dimension que celle donnée par les dessinateurs de la collection classique des aventures de Blake et Mortimer, qui ont à charge de reproduire, le plus fidèlement possible, le trait d’Edgar P. Jacobs. L’histoire racontée par José-Louis Bocquet et Jean-Luc Fromental, quant à elle, reste tout à fait fidèle à la narration habituelle des aventures des deux héros. Dans L’art de la guerre, Blake et Mortimer à New York, vous retrouverez tous les protagonistes (et bien sûr l’infâme colonel Olrik) et toutes les références de l’univers de Jacobs. Les fans (dont je suis) ne devraient donc pas être déçus.
Pierre-Pascal Bruneau
À New York, le capitaine Francis Blake doit prononcer à l’ONU un discours en faveur de la paix devant huit cents délégués venus du monde entier. Au même moment, dans la section des antiquités égyptiennes du Metropolitan Museum, un homme vandalise la stèle d’Horus avant d’être arrêté par la police. Francis Blake et Philip Mortimer, informés de l’incident par le FBI, connaissent bien cet homme. Il s’agit d’un certain Olrik. Mais celui-ci, plongé dans un état catatonique, a perdu la mémoire. Alors que nous sommes à la veille de l’ouverture de la conférence pour la paix, Blake et Mortimer mènent l’enquête. Le temps presse, car tout incite à penser qu’une grave menace pèse sur l’ONU… Admirateur de l’univers de Jacobs, Floc’h allie sa passion de la « ligne claire » à sa maîtrise de la couleur pour s’approprier avec maestria ces personnages mythiques, qui visitent New York pour la première fois. José-Louis Bocquet et Jean-Luc Fromental signent pour lui un scénario sur-mesure. (note de l’éditeur)
La chronique de Tiphaine Hubert
La fin d’année en bande dessinée, comme en littérature, est synonyme d’avalanche de nouveautés. Nous avons sélectionné trois premiers tomes de série qui marquent cette rentrée 2023 du 9ème art. Trois séries au début prometteur que nous ne manquerons pas de suivre.
Tiphaine Hubert
Dalí, de Julie Birmant (Scénario) et Clément Oubrerie (Dessin)
Dargaud
Date de parution : 8 septembre 2023
ISBN : 9782205202762, 88 pages, 21.85€
Nous retrouvons un duo d’artistes très apprécié depuis leur série « Pablo » il y a une dizaine d’années. Même format, même mise en page, c’est à la biographie du surréaliste Salvador Dalí qu’ils s’attaquent cette fois-ci. Ce premier tome appelé « Avant Gala » décrit le passage à l’âge adulte du peintre et, plus particulièrement, la création du personnage. Une lecture des plus agréables où les deux auteurs nous promènent de Figueras à Paris, des toiles de Picasso à celles de Dalí, dans de merveilleux tons d’ocre. Ce premier tome est une vraie œuvre d’art.
Tiphaine Hubert
Inoubliables, Fabien Toulmé
Dupuis
Date de parution : 15 septembre 2023
ISBN : 9791034764570, 128 pages, 26.45€
Depuis l’Odyssée d’Hakim, impossible de passer à côté de Fabien Toulmé. Cette année, il nous livre un recueil de témoignages glanés dans différents pays. Le point commun de ces histoires parfois douces, parfois tragiques ? Un changement de vie. Avec sa ligne claire et son traitement des couleurs résolument moderne, Fabien Toulmé s’inscrit dans la lignée de ces auteurs qui savent parler des réalités de notre monde avec véracité et sans pathos. Un premier tome qui en appelle un second tellement le format est addictif.
Tiphaine Hubert
Le Nom de la Rose, Tome 1, Umberto Eco et Milo Manara
Glénat
Date de parution : 20 septembre 2023
ISBN : 9782344049754, 72 pages, 20.13€
C’est à la demande des héritiers de Umberto Eco que le grand maître italien de la bande dessinée s’est attaqué à ce chef-d’œuvre de la littérature. Dans ce diptyque, Manara nous offre à la fois sa vision du fameux polar médiéval mais aussi un vibrant hommage à l’auteur. C’est d’ailleurs sur un Umberto Eco en noir et blanc s’adressant à ses lecteurs qu’il ouvre ce premier tome. Comme pour le Caravage (trois tomes), l’artiste travaille un trait classique qu’il texture à l’encre et au lavis puis laisse le soin de la mise en couleurs à sa fille. Un cadeau de fin d’année qui sera certainement très apprécié par les amateurs de BD.
Tiphaine Hubert
Jeunesse – adolescents
Louise Michel, je suis tout en orage, Carole Trébor (13-15 ans)
Albin Michel Jeunesse, collection Destins
Date de parution : 27 septembre 2023
ISBN : 9782226453754, pages 336, 19.43€
Le choix de Véronique Fouminet .
La petite Louise a des rêves de géante. Enfant déjà, elle rédige des pamphlets et s’insurge contre les injustices. Adolescente, elle prend conscience de l’oppression du peuple, en particulier des femmes, vole pour nourrir les plus pauvres et écrit des lettres passionnées à Victor Hugo. Adulte, sa colère gronde et ses mots font frémir, galvanisant les courages, enflammant les cœurs, dans les campagnes comme sur les barricades. Louise Michel : un nom comme un étendard, en lettres noires sur le rouge du drapeau communard. (Note de l’éditeur)
Les événements de l’Échappée Belle
Nouvelle date !
Le jeudi 14 décembre 2023
À 19 :00 heures
La tempête Ciarán ayant entrainé la suppression de nombreux trains, Colombe Schneck avait été contrainte de reporter sa venue à Amsterdam. Elle sera parmi nous le jeudi 14 décembre prochain, à 18:45 heures dans le
Museum ‘t Kromhout.
Les billets achetés pour la soirée du 2 novembre sont valides pour la soirée du 14 décembre.
Museum ‘t Kromhout
Ingang Kruithuisstraat 25, 1018 WJ Amsterdam
(Tram 7 / halte Hoogte Kadijk )
Un entretien avec Pierre-Pascal Bruneau de la librairie française Le Temps Retrouvé
Een interview met Pierre-Pascal Bruneau (in het Frans) van de Franse boekhandel Le Temps Retrouvé
Cette soirée est organisée par l’Institut français NL et la librairie Le Temps Retrouvé en association avec la fondation de L’Échappée Belle et avec le soutien du programme Nouvelles Voix dans le cadre des tournées d’auteurs « Détour(s) » du réseau français aux Pays-Bas.
Deze avond wordt georganiseerd door het Institut français NL en boekhandel Le Temps Retrouvé in samenwerking met de stichting l’Échappée Belle met steun van het programma Nouvelles Voix als onderdeel van de « Détour(s) » auteursreizen georganiseerd door het Franse netwerk in Nederland.
RéservationsRéservez vos places sur/ Boek je plaats op  ou/ofen cliquant sur ce lien/ door op deze link te klikken: RÉSERVATIONLes livres de Colombe Schneck seront disponibles à la vente. Dès après l’entretien elle les dédicacera pour vous. Les places annulées moins de vingt-quatre (24) heures avant la soirée littéraire ne pourront faire l’objet d’un remboursement. Les places annulées avant ce délai pourront être remboursées sous déduction des frais de la centrale de réservation. Les places sont nominatives et personnelles et ne peuvent être revendues. De boeken van Colombe Schneck zullen te koop zijn. Ze zal ze direct na het interview voor je signeren. Plaatsen die minder dan vierentwintig (24) uur voor de literaire avond worden geannuleerd, worden niet terugbetaald. Plaatsen die eerder worden geannuleerd, kunnen worden terugbetaald na aftrek van de kosten van Eventbrite. Plaatsen zijn persoonlijk en mogen niet worden doorverkocht. Museum ‘t Kromhout Ingang Kruithuisstraat 25, 1018 WJ Amsterdam (Tram 7 / halte Hoogte Kadijk ) Programme 18h45 ouverture des portes 19h00 début de l’entretien 20h00 fin de l’entretien et questions 20h30 à 21h30 vente des livres et dédicace 21h45 fin de l’événement Programma 18h45 deur open 19h00 beginnen met gesprek 20h15 einde gesprek en vragen 20h30 tot 21h30 signeren boeken door auteur / boekenverkoop 21.45 einde |
Michèle Fitoussi
Un entretien mené par Pierre-Pascal Bruneau de la librairie française, Le Temps Retrouvé.
« (…) je revendique mes provenances et mes constructions plurielles, être à la fois juive et laïque, tunisienne et française me sentir grecque en Grèce, italienne en Italie, et tout autant méditerranéenne, mélanger en moi l’Orient et l’Occident. Une séfarade d’Europe selon la formule du Hida. Rien de figé ni d’assigné. De la fluidité avant tout. Des racines, certes, mais pour mieux m’en détacher. » La famille de Pantin, Pages 182 et 183
Michèle Fitoussi, journaliste et éditorialiste au magazine ELLE, a écrit treize livres, dont plusieurs biographies très remarquées, Helena Rubistein, la femme qui inventa la beauté (Grasset, 2010) et Janet, biographie de Janet Flanner, première correspondante du magazine The New Yorker, à Paris (JC Lattès, 2018). Avec Ma famille de Pantin, Michèle Fitoussi nous parle de sa famille. Française, née en Tunisie de parents et de grands-parents français, elle y a vécu les cinq premières années de sa vie. Ce récit est touchant mais aussi très intéressant parce que Michèle Fitoussi mêle intelligemment l’histoire de sa famille à celle des juifs de Tunisie. Sans pour autant lasser le lecteur avec trop de détails et de références savantes, elle situe l’histoire de sa famille dans un contexte historique qui donne une dimension beaucoup plus large à son récit. Elle raconte avec chaleur et affection l’histoire de ses oncles et tantes, de ses parents, des amis et des proches et souligne l’importance des origines géographiques : les juifs Granas, originaires de Livourne en Toscane, venus d’Espagne et du Portugal, sont snobs et regardent de haut les juifs Touansas
(ou Twansa), plus nombreux et souvent pauvres, originaires du Maghreb. Mais les distinctions ne s’arrêtent pas à ces deux communautés et l’on découvre la grande diversité des juifs tunisiens :
« Un Juif de la Hara et un Juif bourgeois, un Juif italien et un Juif djerbien, un Juif sioniste et un Juif nationaliste, un Juif communiste et un Juif religieux, n’avaient pas grand chose en commun » p.177
Et puis il y eut le décret présidentiel de 1910 et la loi Morinaud de 1923 (équivalent tunisien du Décret Crémieux de 1870, pour les juifs d’Algérie) qui permirent aux juifs tunisiens d’acquérir la nationalité française. Un quart des juifs de Tunisie, soit environ vingt cinq mille personnes, adoptèrent la nationalité française. Dès lors cette communauté juive, éduquée et cultivée, n’a eu de cesse que de se franciser. Les prénoms juifs ou arabes sont devenus français, un Choua devenant Charles et une Myriam devenant Marie. Le français est devenu leur langue. Les juifs tunisiens naturalisés français adoptèrent ainsi la culture, les coutumes et les habitudes françaises, laissant de côté (sauf certaines traditions culinaires) leur héritage méditerranéen. Cette loi, comme en Algérie, creusa définitivement un fossé entre les juifs et leurs voisins « arabes » qui eux restèrent jusqu’à l’indépendance des citoyens de second rang. La France, celle de Vichy, les abandonna. Cependant, le Bey, avec le consentement de Jean-Pierre Esteva, le résident général, représentant de Vichy, protégea les juifs des lois scélérates, avec l’aide de la population musulmane. Tout bascula lorsque les allemands occupèrent la Tunisie, pendant six mois, en 1942, jusqu’à l’arrivée des alliés en 1943. Les juifs vivèrent alors des moments très difficiles : arrestations lors de plusieurs rafles, privations, amendes exorbitantes exigées des communautés juives, enrôlement forcé dans des camps de travail (en Tunisie), un sort certes peu comparable aux atrocités de la Shoah mais très dur néanmoins. Après la guerre, l’indépendance venue en 1956, le gouvernement du Néo-Destour d’Habib Bourguiba fit preuve de tolérance vis-à-vis de la communauté juive. Cependant, l’arabisation du pays, et notamment l’imposition de la langue arabe, poussa la plus grande partie de la communauté à émigrer vers la France ou Israël. Aujourd’hui la communauté juive compte moins de deux milles personnes, dont la majeure partie vit à Tunis.
Pierre-Pascal Bruneau
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